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De la source aux solutions : le parcours de CarbonCure dans le développement d’un béton à plus faible intensité de carbone

By Andrew Seale

Published 17 juin 2025 • 11 min de lecture

TLPL

  • Le béton est un matériau de construction essentiel dans notre société, mais le secteur est responsable d’environ 7 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone, ce qui contribue au réchauffement de la planète.

  • La capture et l’utilisation du carbone, qui consistent à isoler le dioxyde de carbone et à le convertir en nouveaux produits ou matériaux pour l’empêcher de pénétrer dans l’atmosphère, sont l’une des mesures que l’industrie peut prendre pour réduire ses émissions.

  • CarbonCure est une entreprise d’utilisation du carbone située en Nouvelle-Écosse. Elle a mis au point des technologies qui enferment le dioxyde de carbone de façon permanente dans le béton. L’entreprise émet des crédits carbone, ce qui incite les producteurs à adopter cette solution.

  • Les crédits carbone peuvent aider les entreprises en dehors du secteur du béton à compenser leurs émissions de type 3.

Le secteur du béton doit composer avec des problèmes d’émissions. Le secteur est responsable d’environ 7 % (ce contenu est disponible en anglais seulement) des émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2). Le ciment, principal liant du béton, est le deuxième matériau le plus utilisé dans le monde après l’eau. En 2022, on a utilisé 1,6 milliard de tonnes métriques de CO2 (ce lien mène à un site web dont le contenu est en anglais seulement). S’il était un pays, le secteur du béton serait le troisième ou quatrième plus grand producteur (ce lien mène à un site web dont le contenu est en anglais seulement) de CO2 au monde.

Le béton est un matériau de construction essentiel dans la société actuelle : il est durable, bon marché et largement accessible dans le monde entier. Compte tenu de la croissance et de l’urbanisation continues de la population mondiale, la demande devrait passer (ce lien mène à un site web dont le contenu est en anglais seulement) de 14 milliards de mètres cubes à environ 20 milliards de mètres cubes au cours des 25 prochaines années, ce qui devrait entraîner des émissions supplémentaires de 3,8 gigatonnes de CO2.

Le secteur du ciment et du béton réagit : En 2021, la Global Cement and Concrete Association s’est engagée à produire du béton carboneutre d’ici 2025 (ce contenu est disponible en anglais seulement) grâce à diverses technologies et politiques, y compris l’application de technologies de capture du carbone à l’échelle industrielle.

Qu’est-ce que la capture et l’utilisation du carbone ?

La capture et l’utilisation du carbone sont le processus qui consiste à isoler le CO2 émis par une source, comme la production d’énergie ou une usine, et à le stocker pour éviter qu’il soit libéré dans notre atmosphère et qu’il contribue ainsi au réchauffement de la planète.

CarbonCure, une entreprise technologique située en Nouvelle-Écosse, fait partie d’une petite cohorte de sociétés canadiennes qui ont trouvé un moyen de réduire les émissions de CO2 au sein du secteur. Sa solution novatrice consiste à injecter dans le béton le CO2 excédentaire issu des processus industriels, ce qui permet de remplacer une partie du ciment à forte teneur en carbone et de réduire les émissions du béton.

« Ce dioxyde de carbone est enfermé de façon permanente dans le béton, explique Jamie Roger, directeur général principal de la stratégie carbon chez CarbonCure. Cela permet de réduire la quantité de ciment nécessaire pour obtenir du béton tout aussi résistant. »

Depuis le lancement de la technologie d’utilisation du carbone en 2012, l’entreprise a développé d’autres technologies comme un système de récupération des eaux usées issues des processus des producteurs de ciment. Actuellement, les technologies de CarbonCure sont utilisées sous licence par des producteurs et des usines de béton dans près de 30 pays.

« Notre technologie a permis de réduire ou d’éliminer un peu plus de 600 000 tonnes de CO2 à ce jour, soit l’équivalent de 140 000 voitures à essence retirées de la circulation en un an », explique M. Rogers.

Boîte à clapet CarbonCure installée dans une centrale de dosage.
Boîte à clapet CarbonCure installée dans une centrale de dosage. Crédit photo : CarbonCure Technologies

Promouvoir les technologies d’utilisation du carbone au moyen de crédits carbone.

L’équipe de CarbonCure a toujours su qu’il faudrait du temps pour convaincre les producteurs. Le secteur est naturellement conservateur. « Règle générale, le processus n’a pas changé depuis des décennies, voire des siècles, explique M. Rogers. Pour convaincre les producteurs de faire confiance à cette économie à plus faible intensité de carbone, nous devions absolument créer une structure incitative qui les récompenserait. »

Pour le secteur, comme pour la plupart des investissements technologiques respectueux de l’environnement, l’adaptation des processus et des systèmes à la technologie de capture et utilisation du carbone est plus coûteuse. M. Rogers l’appelle la « prime verte ».

« Il faut encourager l’activité et verser la prime verte », explique-t-il. Pour attirer les producteurs et contribuer au financement de la transition, CarbonCure émet des crédits carbone : des certificats négociables émis pour les projets qui préviennent, réduisent ou éliminent le CO2 de l’atmosphère. Les revenus générés par les crédits carbone sont remis aux producteurs, ce qui permet de maximiser les retours sur les investissements en matière de capture et d’utilisation du carbone.

« Il s’agit d’un processus grandement axé sur les données : il faut prouver, en s’appuyant sur des données, que chaque crédit a permis d’économiser une tonne métrique de CO2 », explique M. Rogers. CarbonCure vérifie les crédits carbone en examinant les données tirées des logiciels et du matériel de dosage des usines à béton qui sont connectés à leur injection de CO2. Chaque crédit carbone correspond à un projet vérifié, bien qu’il s’agisse plutôt d’un portefeuille de 15 à 30 producteurs et d’une centaine d’usines à béton.

« Nous avons remis environ 5 millions de dollars aux producteurs », précise-t-il. Selon M. Rogers, ce partage des revenus de crédit est un incitatif important, surtout dans un secteur où les marges sont déjà minces. Les crédits carbone permettent également aux entreprises issues d’autres secteurs de réduire leur impact environnemental.

Utiliser les crédits carbone pour réduire les émissions de type 3 de votre entreprise

Les producteurs qui ont adopté la technologie de capture et d’utilisation du carbone ne sont pas les seuls bénéficiaires des crédits carbone. Selon M. Rogers, il s’agit d’une grande occasion pour CarbonCure et le secteur de capture et d’utilisation du carbone compte tenu de l’intérêt croissant pour la réduction des émissions de type 3, qui renvoie aux émissions d’une entreprise provenant d’activités en amont et en aval d’un produit ou d’un service.

« Le type 3 présente un défi complexe pour les sociétés qui tentent d’atteindre leurs objectifs de carboneutralité », explique-t-il.

« Il existe une centaine de milliers d’usines à béton dans le monde, raconte M. Rogers. Il est improbable que CarbonCure réussisse à intégrer sa technologie dans chacune d’entre elles. Ce ne sera pas partout. »

Toutefois, les crédits carbone de CarbonCure peuvent être une solution de rechange pour les producteurs ou les entreprises en dehors du secteur qui souhaitent consacrer une partie de leur investissement en matière de développement durable pour soutenir d’autres entreprises qui adoptent la technologie.

Le concept de réservation et réclamation, utilisé en aviation, gagne en popularité : une compagnie aérienne qui n’a pas accès à du carburant durable peut « réserver » une certaine quantité de carburant et en « réclamer » les avantages, tandis qu’une autre compagnie aérienne l’utilise réellement. Le Center for Green Market Activation et le Rocky Mountain Institute aux États-Unis travaillent actuellement à l’élaboration d’un modèle similaire pour le secteur du ciment et du béton.

« Comme pour un crédit carbone, une entreprise achète un crédit pour payer cette prime verte ; cependant, au lieu d’être en dehors de la chaîne de valeur, ce crédit est directement lié au béton coulé par l’acheteur, explique M. Rogers. Cela permet de concentrer l’attention sur les émissions de type 3 et sur celles incorporées dans l’environnement bâti, rapprochant ainsi les producteurs de béton du processus de décarbonisation. »

Central Concrete coule du béton CarbonCure à l’école UC Hastings de San Francisco.
Central Concrete coule du béton CarbonCure à l’école UC Hastings de San Francisco. Crédit photo : CarbonCure Technologies

Une occasion pour les entreprises de se préparer à d’éventuelles directives réglementaires

Le Canada travaille actuellement à l’élaboration de directives en matière de décarbonisation du secteur du bâtiment. Les crédits carbone s’immiscent dans les stratégies de durabilité environnementale des entreprises afin de réduire et de compenser leur propre impact, explique Brian Hong, directeur général, Solutions des marchés environnementaux, RBC Marchés des Capitaux.

« À l’heure actuelle, il s’agit d’une démarche volontaire et les avantages sont essentiellement liés à la réputation ou au marketing, explique M. Hong. Mais nous évoluons rapidement vers une décision que les entreprises doivent prendre selon leur degré d’engagement. Suivre la parade dès maintenant permet de se couvrir contre les risques réglementaires à venir. »

« Il s’agit du crédit le plus transparent, fondé sur des données, qui vise la décarbonisation du secteur, explique M. Rogers. Que vous fassiez partie de la chaîne logistique, que vous financiez des projets de construction, que vous édifiez des bâtiments ou que vous habitiez ou travailliez dans un bâtiment, vous êtes entourés de béton. »

La décarbonisation du ciment et du béton ne concerne pas seulement le secteur, elle a des répercussions ailleurs. « L’acheteur de crédit et la collectivité devraient vouloir investir leur argent dans des crédits qui ont un impact direct sur les systèmes qui les entourent, conclut M. Rogers. Et le béton est probablement l’élément le plus répandu dans le monde. »

En savoir plus : Crédits carbone : Par où commence

Pour vous aider à vous y retrouver dans les marchés du carbone en rapide évolution, RBC Marchés des Capitaux offre une expertise de pointe et des capacités complètes en matière d’échange de droits d’émission sur les marchés du carbone, qu’ils soient réglementés ou volontaires. Le groupe Solutions des marchés environnementaux collabore avec le Bureau des marchandises environnementales de RBC Marchés des Capitaux, créé en 2008, afin d’offrir des solutions sur mesure aux clients désireux d’atteindre la carboneutralité grâce à des solutions en matière de carbone et d’énergies renouvelables.

Le présent article vise à offrir des renseignements généraux seulement et n’a pas pour objet de fournir des conseils juridiques ou financiers, ni d’autres conseils professionnels. Veuillez consulter un conseiller professionnel en ce qui concerne votre situation particulière. Les renseignements présentés sont réputés être factuels et à jour, mais nous ne garantissons pas leur exactitude et ils ne doivent pas être considérés comme une analyse exhaustive des sujets abordés. Les opinions exprimées reflètent le jugement des auteurs à la date de publication et peuvent changer. La Banque Royale du Canada et ses entités ne font pas la promotion, ni explicitement ni implicitement, des conseils, des avis, des renseignements, des produits ou des services de tiers.

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