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Le commerce interprovincial, une occasion pour votre entreprise ?

By Jared Lindzon

Published 22 juillet 2025 • 8 min de lecture

L’expansion au Canada n’est pas toujours le premier choix des entreprises canadiennes. En effet, celles qui envisagent une croissance territoriale se tournent d’ordinaire vers le Sud avant de se tourner vers l’Est ou l’Ouest, et ce, pour diverses raisons pratiques. 

Premièrement, le marché de consommation aux États-Unis est beaucoup plus important, et éclipse facilement celui du Canada.

Deuxièmement, bien qu’elles se trouvent de part et d’autre d’une frontière nationale, de nombreuses entreprises trouvent davantage de points communs culturels dans les marchés américains voisins. Par exemple, une entreprise établie à Vancouver peut observer davantage de parallèles avec les préférences des consommateurs de Seattle qu’avec ceux de Calgary, tandis qu’une entreprise établie à Toronto peut constater que ses acheteurs ont plus en commun avec les New-Yorkais qu’avec les Montréalais. 

En outre, dans un pays aussi vaste, les entreprises nationales peuvent éprouver plus de difficultés à commercialiser leurs produits dans les provinces éloignées que dans les États voisins.

Enfin, il existe depuis longtemps une série de barrières commerciales interprovinciales législatives et réglementaires qui compliquent les échanges commerciaux dans l’ensemble du pays.

Toutefois, comme les échanges commerciaux avec les États-Unis sont de plus en plus imprévisibles, les autorités réglementaires cherchent à faciliter l’expansion des entreprises canadiennes à l’échelle nationale. Bien que des barrières subsistent, les entreprises qui sont en mesure de les surmonter peuvent trouver de nouvelles occasions de croissance ici, au pays, d’autant plus que les consommateurs sont de plus en plus nombreux à vouloir acheter des produits canadiens.

Qu’est-ce que le commerce interprovincial ?

Le commerce interprovincial désigne l’achat et la vente de biens et de services entre deux ou plusieurs provinces ou territoires du Canada. Bien que cela puisse sembler simple, certaines barrières ont traditionnellement rendu plus difficile l’expansion d’une entreprise au pays.

Au fil des ans, des efforts ont été déployés pour les éliminer, notamment la signature de l’Accord de libre-échange canadien, qui est entré en vigueur le 1er juillet 2017.

Dans sa forme originale, l’accord prévoyait 53 exemptions, dont plusieurs étaient liées aux règles fédérales en matière d’approvisionnement. Toutefois, ces exemptions ont été éliminées (ce lien mène à un site web dont le contenu est en anglais seulement) par le premier ministre Mark Carney le 1er juillet 2025.

Les véritables obstacles au commerce interprovincial

Malgré les efforts récents du gouvernement fédéral, bon nombre des obstacles qui empêchent les entreprises canadiennes de se développer au-delà des frontières provinciales n’ont toujours pas été levés.

Si les articles qui franchissent les frontières provinciales ne sont pas assujettis à des taxes ou à des droits de douane supplémentaires, il est toutefois plus difficile de vendre des produits ailleurs au pays en raison d’un ensemble disparate de normes et d’exigences entre les différents ressorts.

Par exemple, certaines provinces ont des règles linguistiques strictes, des exigences en matière d’emballage ou des spécifications relatives à la taille des produits, qui doivent toutes être respectées pour pouvoir vendre sur ces marchés. 

Alors que le gouvernement fédéral s’efforce d’éliminer ces obstacles, les provinces ont également pris l’initiative de renforcer les relations commerciales nationales.

Par exemple, le 1er juin 2025, l’Ontario a signé un accord de libre-échange avec l’Alberta et l’Île-du-Prince-Édouard dans le but de faciliter les échanges commerciaux entre les provinces. Cet accord s’ajoute à d’autres conclus entre l’Ontario et quatre autres provinces.

Selon un récent bulletin de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), certaines provinces réussissent mieux que d’autres à surmonter les défis liés au commerce interprovincial.

La Nouvelle-Écosse et l’Ontario ont obtenu la première place (A) pour la facilité de commerce interprovincial, suivies du Manitoba (A-) et de la Colombie-Britannique (B+). À l’opposé, les trois territoires du Canada ont reçu la note « D », tandis que Terre-Neuve-et-Labrador et le Québec se sont vu attribuer la note « C- ».

Pourquoi les entreprises devraient-elles se tourner vers le reste du Canada maintenant ?

Alors que les efforts visant à réduire les barrières commerciales interprovinciales se poursuivent tant au niveau fédéral que provincial, les entreprises nationales bénéficient également d’un soutien important de la part des consommateurs locaux.

Selon un sondage récent, (ce lien mène à un site web dont le contenu est en anglais seulement) 91 % des Canadiens ajustent déjà leurs dépenses pour favoriser les entreprises nationales ou ont l’intention de le faire prochainement. Ce sondage révèle également que 65 % des répondants vérifient désormais les étiquettes pour s’assurer d’acheter des produits canadiens, 46 % font davantage de recherches sur les marques canadiennes et 44 % évitent certains produits provenant de l’autre côté de la frontière.

Compte tenu de l’instabilité persistante de la politique commerciale transfrontière, des efforts législatifs visant à réduire les barrières commerciales interprovinciales, et d’une clientèle de consommateurs à la recherche de davantage d’options canadiennes, le moment est peut-être venu pour les entreprises locales d’envisager une expansion nationale.

Certaines différences interprovinciales dont les entreprises pourraient vouloir tenir compte

Une présence accrue au pays peut offrir aux entreprises canadiennes une voie de croissance plus stable et plus fiable, mais toutes les entreprises ne sont pas en mesure de vendre d’un océan à l’autre.

Avant de chercher à faire croître vos activités à l’échelle nationale, il est important de bien vous renseigner. Par exemple, il est conseillé aux entreprises canadiennes, dans le cadre de leurs projets d’expansion nationale, de se renseigner sur les différences entre les exigences d’emballage, d’étiquetage, de marketing ou de spécification de produit qui existent ailleurs au pays.

Il faut également considérer les défis logistiques que pose la nécessité de satisfaire les attentes des consommateurs d’un pays aussi vaste à un prix et dans des délais raisonnables. Ces projets d’expansion doivent tenir compte du fait que les secteurs canadiens du fret et du transport de marchandises se sont révélés enclins à des conflits du travail au cours des dernières années ; on peut notamment penser aux actions récentes dans le secteur ferroviaire, (ce lien mène à un site web dont le contenu est en anglais seulement) au sein des services postaux (ce lien mène à un site web dont le contenu est en anglais seulement) et de livraison de colis, (ce lien mène à un site web dont le contenu est en anglais seulement) et par les travailleurs des ports d’expédition (ce lien mène à un site web dont le contenu est en anglais seulement) et des aéroports (ce lien mène à un site web dont le contenu est en anglais seulement). Par conséquent, les entreprises qui souhaitent étendre leurs activités au Canada doivent prévoir des solutions de rechange pour de telles situations.

À la différence de la vente sur le marché du sud, l’expansion vers l’est ou l’ouest du Canada peut nécessiter des aménagements supplémentaires pour gérer le décalage entre les fuseaux horaires. Avec six fuseaux horaires différents couvrant quatre heures, faire des affaires dans des provinces éloignées peut nécessiter un ajustement des heures de travail, du personnel de soutien sur les marchés locaux ou un bureau satellite dans une autre province.

Enfin, l’expansion au Canada nécessite de prendre en compte les incidences juridiques et fiscales. Les biens et services sont taxés différemment d’une province à l’autre et les entreprises doivent comprendre ces nuances avant de faire des affaires ailleurs au pays. Elles peuvent également être amenées à se constituer en société par actions dans chaque province ou à se constituer en société de régime fédéral afin de pouvoir exercer légalement leurs activités dans le nouveau territoire.

Où trouver des réponses à vos questions sur le commerce interprovincial ?

Les entreprises désireuses de prendre de l’expansion à l’échelle du pays sont invitées à consulter leurs partenaires juridiques, financiers, logistiques et bancaires afin de se faire une idée plus précise des occasions et des obstacles qui subsistent. Elles peuvent également visiter l’Espace commercial pour découvrir les plus récentes perspectives et analyses de l’équipe Leadership avisé RBC.

Le commerce interprovincial ne convient pas à toutes les entreprises. La question de savoir s’il s’agit d’une occasion intéressante dépend d’une série de facteurs, notamment le produit, le service ou le secteur d’activité spécifique, les préférences des consommateurs sur les marchés canadiens, l’exposition aux droits de douane américains, les défis juridiques, fiscaux, administratifs et logistiques, et bien plus.

Néanmoins, la diversification est toujours une stratégie judicieuse. Alors que de nouveaux obstacles se dressent à la frontière internationale et que d’autres sont levés entre les provinces, le moment est peut-être bien choisi pour les entreprises canadiennes de réévaluer si le commerce interprovincial représente une occasion à saisir.

Le présent article vise à offrir des renseignements généraux seulement et n’a pas pour objet de fournir des conseils juridiques ou financiers, ni d’autres conseils professionnels. Veuillez consulter un conseiller professionnel en ce qui concerne votre situation particulière. Les renseignements présentés sont réputés être factuels et à jour, mais nous ne garantissons pas leur exactitude et ils ne doivent pas être considérés comme une analyse exhaustive des sujets abordés. Les opinions exprimées reflètent le jugement des auteurs à la date de publication et peuvent changer. La Banque Royale du Canada et ses entités ne font pas la promotion, ni explicitement ni implicitement, des conseils, des avis, des renseignements, des produits ou des services de tiers.

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