TLPL
-
Une approche entrepreneuriale réfléchie peut s’avérer payante pour les chefs d’entreprise qui aspirent à une certaine stabilité au moment de se lancer.
-
Le bouche-à-oreille constitue un levier puissant, particulièrement au sein des petites communautés qui soutiennent fièrement les entreprises locales.
-
La transparence, la créativité et la solidité des relations sont de précieux atouts pour surmonter les plus grands obstacles.
-
Si vous aimez ce que vous faites, vous tiendrez bon dans les moments difficiles.
Passionnée de gastronomie et de tourisme culinaire, Audrey Brown a toujours aimé découvrir de nouvelles cultures à la faveur des plats servis. Il y a 12 ans, victime d’un accident vasculaire cérébral mineur, mais marquant, elle remet en question sa carrière dans le secteur de la santé et décide de nourrir sa passion pour la gastronomie et les traditions culinaires. Fascinée par la polyvalence et la richesse du chocolat, elle fonde Cocoa Bistro (ce lien mène à un site web dont le contenu est en anglais seulement), une adresse incontournable à Kingston, en Ontario, qui sert des instants de pur plaisir depuis plus de dix ans.
Une entrée prudente dans le monde de l’entrepreneuriat
Mme Brown était passionnée par son travail d’orthophoniste, mais comme elle l’a expliqué lors de notre récente conversation, son accident vasculaire cérébral a tout changé. « Je me suis rendu compte que cette profession ne me correspondait plus vraiment, mais je n’étais pas certaine de vouloir prendre ma retraite à 50 ans et c’est en me lançant dans la fabrication du chocolat que j’ai retrouvé mon enthousiasme. Abandonner ma carrière a été difficile, mais je savais que je prenais la bonne décision. »
Comme beaucoup de jeunes chefs d’entreprise, Mme Brown a adopté une approche réfléchie pour se lancer en affaires. Elle a continué à travailler dans le secteur de la santé pendant deux ans tout en démarrant Cocoa Bistro. « Il a fallu faire preuve de prudence tout en prenant des décisions stratégiques », poursuit-elle. Elle explique avoir voulu continuer à gagner un revenu tout en se familiarisant avec le monde de l’entrepreneuriat et en développant ses aptitudes. Elle a installé du matériel professionnel dans son sous-sol, réalisé des études de marché et suivi des cours en ligne pour apprendre les bases de la fabrication du chocolat. Elle s’est également rendue à Montréal pour participer à des ateliers qui lui ont fait prendre conscience du potentiel du cacao. « On peut travailler le chocolat et jouer avec les saveurs pour créer quelque chose de véritablement unique. Quand j’ai découvert à quel point le chocolat était polyvalent, j’ai compris qu’il s’agissait d’une carrière à part entière. »
Elle a travaillé chez elle pendant trois ans, étendant son atelier du sous-sol au rez-de-chaussée pour finalement déménager dans un local commercial dans le West End de Kingston.

Un parcours de croissance interne
Dans une ville de la taille de Kingston, le bouche-à-oreille est un des outils de marketing les plus puissants. À ses débuts, Mme Brown a organisé des ventes à l’hôpital où elle travaillait et participé à tous les marchés, festivals et événements dans les sous-sols d’église qu’elle pouvait trouver. On a commencé à parler de ses chocolats à l’Université Queen’s, dans certains cabinets d’avocats locaux et au Centre d’information touristique de Kingston, et c’est à ce moment-là que sa marque a décollé. « Être découverte par le Centre d’information touristique de Kingston a été l’un des moments les plus décisifs de mon entreprise. Il s’agit aujourd’hui d’un de mes clients les plus importants », explique Mme Brown.
La popularité de Cocoa Bistro n’a fait que grandir, et son équipe aussi. Elle emploie actuellement deux personnes à temps plein, une personne à temps partiel, ainsi que des étudiants, de façon ponctuelle. « Il s’agit de mon équipe de production. Pour ma part, je suis désormais en boutique où j’accueille les clients, je vends les produits et représente la marque », confie Mme Brown.
Elle travaille également avec une équipe numérique externe qui s’occupe de son site web et gère ses comptes de médias sociaux. « Au début, je le faisais moi-même, mais c’était trop. L’équipe a accompli un travail incroyable : elle a diffusé mon message et fait parler de mon entreprise », poursuit-elle. Grâce à la subvention pour l’habilitation numérique accordée par le Kingston Economic Development Group, elle a pu déléguer les tâches qui échappaient à son domaine d’expertise. « Je suis ravie de travailler avec cette équipe. »
Des sentiments partagés
Ces dernières années, les chefs d’entreprise du monde entier ont dû faire face à la hausse des prix et à des contraintes d’approvisionnement, et l’industrie du chocolat a été particulièrement touchée. Cela est dû à plusieurs facteurs, mais le changement climatique demeure la plus grande menace qui pèse aujourd’hui sur les activités de Mme Brown. « Les plantations où notre cacao est cultivé sont confrontées à la sécheresse et aux maladies. La plupart des arbres se trouvent à moins de 20 degrés de l’équateur et les effets du réchauffement climatique rendent la récolte de plus en plus difficile », explique-t-elle.
Entre-temps, les plus grandes entreprises de transformation du cacao achètent et entreposent le cacao, ce qui accroît la pression sur l’offre. Résultat ? Les coûts ont augmenté de façon dramatique pour Mme Brown. « Ils ont doublé au cours de la dernière année seulement. »
Fidèle à elle-même, Mme Brown a adopté une approche prudente et stratégique pour faire face à ce défi. Elle a été franche avec sa clientèle lors d’une intervention vidéo diffusée en direct sur Instagram dans laquelle elle explique la situation et justifie l’augmentation de ses prix. Elle envisage par ailleurs de proposer d’autres produits à ses clients. « Puisque pour nous la qualité de notre chocolat n’est pas négociable, nous diversifions notre gamme avec des produits comme les nougatines, les guimauves et des produits de confiserie qui contiennent tous du chocolat. » Ses clients se sont montrés réceptifs et l’ont soutenue. « Ils me disent : « S’il vous plaît, ne vous arrêtez pas. Nous sommes prêts à payer plus pour continuer à consommer du chocolat de qualité. » Je suis rassurée, mais devoir augmenter les prix reste pénible », poursuit-elle.
En ces temps difficiles, Mme Brown est reconnaissante de sa relation de longue date avec RBC. Elle a ouvert un compte d’entreprise et obtenu une carte de crédit auprès de la Banque dès le début, et sa marge de crédit d’exploitation lui assure une stabilité en cas de ralentissement de ses activités. « C’est un soulagement d’avoir une solution de repli, surtout en été, lorsque tout est plus calme », dit-elle.
Au cœur de la communauté
Son ouverture est au cœur de sa relation avec la communauté de Kingston, un lieu où les entreprises locales sont réellement valorisées. Par exemple, c’est durant la pandémie de COVID que Mme Brown a connu sa plus grosse augmentation nette des ventes. « J’offrais la livraison gratuite et mon mari, qui ne pouvait alors pas travailler, effectuait 20 livraisons par jour. » Cocoa Bistro a été là à un moment où les gens avaient besoin de réconfort.
L’esprit de communauté et le sentiment de connexion ont perduré. Aujourd’hui, Mme Brown s’associe à d’autres entreprises, organise des ateliers, soutient des initiatives caritatives locales et prend la parole lors d’événements locaux. Récemment, un entrepreneur en devenir a communiqué avec elle, après avoir entendu son histoire et décidé de franchir le pas. « Cela me donne la chair de poule : j’ai eu des mentors tout au long de mon parcours et maintenant c’est à moi de jouer ce rôle », confie-t-elle.
Une entreprise née d’une passion et portée par une mission
Mme Brown n’avait aucune expérience en affaires avant de fonder Cocoa Bistro. Né d’une passion, ce projet s’est développé et c’est cette passion qui continue de l’animer. « J’aime faire découvrir le chocolat de qualité, soutenir des agriculteurs aux quatre coins du monde et travailler avec une équipe qui partage ma passion », explique-t-elle.
Lorsque des entrepreneurs en devenir lui demandent des conseils, elle répond : « Vous devez aimer ce que vous faites. Si l’objectif principal est de gagner de l’argent, vous aurez du mal à surmonter les moments difficiles. Poursuivez vos efforts de réseautage, témoignez de votre passion et l’argent suivra. »
Aujourd’hui, Audrey Brown aborde un chapitre complexe de son parcours professionnel avec, pour principaux atouts, son enthousiasme et ses liens avec la communauté de Kingston.