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Aperçu des marchés des céréales, des oléagineux et du bétail – Octobre 2024

Par Bert Caputo, Tyler Durst et Devin Ouimet du groupe Contrats à terme sur marchandises Simpson et Caputo de RBC Dominion valeurs mobilières

Publié le 12 novembre 2024 • 10 min de lecture

2024 a été une année de transition pour les prix des cultures et du bétail, chacun évoluant dans des directions opposées. Les céréales et les oléagineux ont dû passer d’une situation d’offre restreinte et de rationnement de la demande, qui prévalait au cours des quatre dernières années, à des marchés aujourd’hui en surabondance et en quête de demande. Les prix élevés des cultures qui ont marqué cette période ont exercé une pression à la baisse sur les marges d’alimentation du bétail, ce qui a entraîné la liquidation de cheptels de bovins et de porcs. Avec la réduction des stocks de bétail, des prix records ont été observés pour les bovins sur pied en 2023 et les prix saisonniers des porcs sont plus élevés que la normale.

Soja

Si l’on examine de plus près la situation du soja, on s’aperçoit que les stocks américains et mondiaux devraient augmenter considérablement cette année. Cela a entraîné une chute des prix, la valeur du soja ayant presque été réduite de moitié par rapport à son sommet de 2022. Les stocks de nouvelles cultures aux États-Unis devraient être les troisièmes plus élevés de l’histoire, tandis que les stocks mondiaux devraient atteindre leur plus haut niveau historique. La croissance de la production brésilienne de soja a continué d’éroder le marché américain d’exportation qui dominait autrefois. La saison d’exportation des récoltes a donc démarré de manière décevante, les ventes étant actuellement bien inférieures au rythme nécessaire pour atteindre les prévisions de l’USDA. Le secteur le plus prometteur pour la demande à long terme de haricots américains reste celui des graines pressées, qui devrait croître de 6 % d’une année sur l’autre. Ce secteur comporte un risque politique lié à la politique en matière de carburants renouvelables, ce qui rend le marché vulnérable aux surprises. Du côté de la production, l’USDA et Statistique Canada estiment que les rendements atteindront des niveaux records de 53,1 boisseaux/acre pour la production américaine et de 46,4 boisseaux/acre pour la production canadienne. À l’avenir, le marché se concentrera sur la période de végétation en Amérique du Sud et le développement potentiel d’une nouvelle La Nina et sur ce que cela pourrait signifier pour l’offre mondiale et la demande potentielle d’exportation américaine.

Maïs

Les producteurs de maïs nord-américains devraient produire une récolte presque record. Cela se reflète dans les rendements nationaux records projetés par l’USDA et Statistique Canada, à savoir 183,8 boisseaux/acre pour les États-Unis et 167,8 boisseaux/acre pour le Canada. Toutefois, contrairement aux haricots, le programme d’exportation de maïs aux États-Unis a été plutôt solide et demeure supérieur aux attentes de l’USDA. Malgré une forte production, les stocks mondiaux en fin d’année devraient chuter d’une année à l’autre. Cela mettra davantage l’accent sur la période de végétation en Amérique du Sud, où les conditions météorologiques sont déjà au cœur des préoccupations. À l’avenir, le marché continuera de surveiller le rythme de la demande aux États-Unis, à la fois les exportations et l’éthanol, ainsi que les conditions météorologiques en Amérique du Sud. Le rythme de la plantation des haricots brésiliens sera également surveillé de près, car une période de plantation tardive pourrait se traduire par des retards et un risque accru de sécheresse pour la deuxième récolte de maïs.

Blé

Les marchés du blé ne sont pas étrangers aux risques climatiques mondiaux. La France, premier producteur européen, a connu des conditions d’humidité records qui ont entraîné des baisses de qualité et de rendement. L’USDA prévoit une baisse de 8,8 % de la production de blé en Europe d’une année sur l’autre. En Russie, plusieurs des principales régions productrices ont annoncé l’état d’urgence en raison de la sécheresse persistante, qui a retardé l’ensemencement du blé d’hiver. Aux États-Unis, les conditions de croissance ont été globalement favorables et la production devrait atteindre son niveau le plus élevé depuis 2016. Les stocks en fin d’année aux États-Unis devraient donc être plus élevés d’une année sur l’autre. Bien que l’offre américaine augmente d’une année sur l’autre, les principaux pays exportateurs, à savoir les États-Unis, le Canada, la Russie, l’Argentine, l’Australie, l’UE et l’Ukraine dans leur ensemble, ont atteint le rapport stocks en fin d’année/utilisation totale le plus faible de l’histoire. En soi, cela ne signifie pas que les marchés doivent se redresser, mais le programme d’exportation mondial a très peu de marge d’erreur. À l’avenir, le marché surveillera attentivement tout facteur susceptible d’accroître la pression sur les principaux pays exportateurs, qu’il s’agisse d’une agression significative de l’Ukraine envers l’infrastructure d’exportation russe, d’une récolte de blé d’hiver moins abondante en Russie et aux États-Unis, d’un changement de la situation météorologique de La Nina en Australie ou des exportateurs majeurs privilégiant leurs propres besoins en blé.

Canola

Passons au marché du canola. La récolte étant terminée dans les Prairies, les producteurs attendront avec impatience les données finales basées sur le sondage de Statistique Canada, qui seront publiées en décembre. Le précédent rapport de Statistique Canada de septembre, basé sur un modèle, prévoyait des rendements nationaux de 38,4 boisseaux par acre. Bien qu’il s’agisse de la dernière estimation officielle de Statistique Canada, les organismes provinciaux ont mis à jour les chiffres du rendement, les données les plus récentes suggérant un rendement national d’environ 35 boisseaux par acre. Ce chiffre reste une cible mouvante et alimentera probablement le débat sur l’offre réelle pendant un certain temps. La demande, quant à elle, est très dynamique. Les exportations et les graines pressées ont enregistré leur meilleur début d’année depuis cinq ans. Elles dépassent toutes les deux les attentes pour cette période de l’année. Le problème qui se pose est celui de l’enquête antidumping lancée par la Chine début septembre. Cette enquête a donné lieu à des spéculations sur la mise en place de nouveaux droits de douane par la Chine en réponse aux droits de douane imposés par le Canada sur les véhicules électriques fabriqués en Chine. Alors que les droits de douane des véhicules électriques sont entrés en vigueur le 1er octobre, le Canada a récemment annoncé des mesures permettant une exemption temporaire de ces droits. Les producteurs canadiens espèrent que ces mesures commerciales apaiseront les tensions avec la Chine, notre plus gros acheteur de canola. Toutefois, à l’heure actuelle, les intentions de la Chine sont pour le moins floues. À l’avenir, le marché surveillera si le rythme soutenu des exportations se poursuit et si le barème des remises du canola par rapport à son homologue européen, le colza de l’UE, reste historiquement large.

Bovins

Le cheptel bovin en Amérique du Nord poursuit sa phase de contraction qui a véritablement commencé en 2022. La diminution de l’offre de bovins d’engraissement a conduit à des prix records des deux côtés de la frontière en 2023 et au début de 2024. En juillet 2024, les stocks de bovins canadiens s’élevaient à 11,935 millions de têtes, soit une baisse de 1,4 % par rapport à la même période en 2023, ce qui représente le plus petit cheptel depuis 1987.

Plus précisément, le cheptel canadien de vaches de boucherie a chuté pour la quatrième année consécutive. En juillet, les stocks de vaches de boucherie étaient de 3,485 millions de têtes, soit une baisse de 2,2 % par rapport à l’an dernier et les stocks les plus faibles depuis 1988. Avec 969 000 têtes, le cheptel canadien de vaches laitières a enregistré une légère hausse de 0,4 % par rapport à l’année dernière. Le nombre de remplacements de vaches de boucherie et de vaches laitières de plus d’un an est resté inférieur aux chiffres de l’an dernier. Cela indique que les plans d’expansion du secteur canadien de l’élevage bovin seront limités, voire inexistants, jusqu’en 2025.

À l’instar du secteur de l’élevage bovin, celui de l’élevage porcin nord-américain a également connu un cycle de liquidation, mais les premiers indicateurs montrent que le secteur évolue lentement vers une stabilisation du cheptel. En juillet, les stocks canadiens de porcs et de cochons comptaient 13,995 millions de têtes, soit une hausse de 1,3 % par rapport à l’an dernier, mais ils demeurent inférieurs de 0,5 % par rapport à la moyenne quinquennale. Il s’agirait des troisièmes stocks les plus faibles depuis 2015, seules les années 2023 et 2022 étant plus faibles.

Le cheptel reproducteur canadien a chuté pendant trois années consécutives. En juillet, il comptait 1,233 million de têtes, en baisse de 0,9 % par rapport à l’année dernière et de 1,2 % par rapport à la moyenne quinquennale. Il s’agit du plus petit cheptel reproducteur canadien depuis 2014.

Porcs

En juillet, les stocks de porcs de marché au Canada s’élevaient à 12,762 millions de têtes, soit une hausse de 1,5 % par rapport à l’an dernier, mais toujours inférieurs de 0,5 % par rapport à la moyenne quinquennale. Les stocks de porcs et de cochons aux États-Unis et au Canada étaient inférieurs de 1,3 % par rapport à ceux de l’année dernière. Cela reflète une diminution de 2,8 % du cheptel reproducteur global, mais une augmentation de 1,7 % des stocks de porcs de marché. Cette augmentation est le résultat des facteurs énumérés ci-dessus.

Dans l’ensemble, le secteur de l’élevage bovin et porcin a connu un cycle de liquidation qui a débuté en 2022. Ce cycle commence à ralentir, mais l’expansion n’est pas imminente. Les producteurs ont profité de la baisse des coûts des aliments et ont prolongé les jours d’engraissement des bovins et des porcs, ce qui s’est traduit par des poids plus importants. Cette augmentation du tonnage a compensé une partie de la réduction des nombres absolus pour chaque cheptel. Les gains en efficience ont également permis aux producteurs de faire plus avec moins. À l’horizon 2025, le marché cherchera des signaux indiquant que les prix élevés du bœuf et du porc commencent à freiner la demande, tant au niveau national qu’à l’exportation.

Le groupe Simpson et Caputo est une équipe de quatre spécialistes en contrats à terme sur marchandises de RBC Dominion valeurs mobilières. Ils collaborent avec des producteurs agricoles partout au Canada pour les aider à gérer le risque lié aux prix des marchandises en élaborant des plans de marché à l’aide de contrats à terme et d’options sur contrats à terme.

Le présent article vise à offrir des renseignements généraux seulement et n’a pas pour objet de fournir des conseils juridiques ou financiers, ni d’autres conseils professionnels. Veuillez consulter un conseiller professionnel en ce qui concerne votre situation particulière. Les renseignements présentés sont réputés être factuels et à jour, mais nous ne garantissons pas leur exactitude et ils ne doivent pas être considérés comme une analyse exhaustive des sujets abordés. Les opinions exprimées reflètent le jugement des auteurs à la date de publication et peuvent changer. La Banque Royale du Canada et ses entités ne font pas la promotion, ni explicitement ni implicitement, des conseils, des avis, des renseignements, des produits ou des services de tiers.

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Sujets:

Agriculture Perspectives secteur commercial