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Les entreprises canadiennes doivent s’adapter à une nouvelle situation dans laquelle les tensions commerciales deviennent la nouvelle normalité.
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Les entreprises canadiennes peuvent envisager de chercher de nouveaux marchés à l’échelle nationale, car le mouvement « Acheter canadien » pourrait leur offrir de nouvelles occasions.
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Le Canada est signataire de 15 accords de libre-échange, qui couvrent 51 marchés mondiaux. Il existe des programmes gouvernementaux pour aider les entreprises nationales à pénétrer de nouveaux marchés à l’étranger.
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Les entreprises canadiennes peuvent parvenir à se préserver de l’instabilité en prévoyant un budget pour les imprévus et en s’assurant de disposer d’un fonds de roulement plus élevé.
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Les entreprises qui ne pourront pas éviter la guerre commerciale pourraient avoir intérêt à ouvrir une filiale aux États-Unis ou à déplacer leurs activités au sud de la frontière pour éviter les droits de douane.
Les entreprises canadiennes se retrouvent malgré elles en première ligne de la guerre commerciale.
Les tensions commerciales et la menace des droits de douane se font plus pressantes et les entreprises commencent à en ressentir les effets. Selon un sondage réalisé récemment par la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, 62 % des propriétaires d’entreprise déclarent subir directement les conséquences de la guerre commerciale en cours entre le Canada et les États-Unis. Le sondage montre également que ce sont les entreprises des secteurs de la fabrication, du commerce de gros et des transports qui sont pour l’instant les plus touchées.
D’après les chiffres indiqués par le Gouvernement du Canada, des biens et services d’une valeur de 2,5 milliards $ traversent quotidiennement la frontière entre le Canada et les États-Unis, soit plus de 1 billion $ par an. En 2023, les exportations de marchandises canadiennes vers les États-Unis ont atteint quasiment 550 milliards $, ce qui représente près de 77 % des exportations totales du pays.
Bien que les détails des menaces et de l’escalade de la guerre commerciale ne cessent de changer, la baisse du dollar canadien, les répercussions sur la confiance des consommateurs, et le climat général d’instabilité risquent de perdurer. Les entreprises canadiennes doivent s’adapter à une nouvelle situation dans laquelle les tensions commerciales deviennent la nouvelle normalité.
Nous vous indiquons dans cet article quelques façons de préparer votre entreprise à affronter les turbulences que provoque cette guerre commerciale.
1. Élargissez votre présence commerciale au Canada
En tant que plus grand marché de consommation le plus proche du Canada, les États-Unis constituent logiquement depuis longtemps la destination principale des produits canadiens. Cependant, avec l’imposition des droits de douane et la multiplication des restrictions commerciales, il est peut-être temps de regarder ailleurs.
Avant de vous tourner vers l’étranger, vous pouvez toutefois rechercher de nouveaux marchés sur le territoire national. D’après une enquête menée par Statistique Canada, 41 % seulement des entreprises canadiennes achètent des biens et services auprès de fournisseurs canadiens situés dans une autre province, tandis que 27 % à peine vendent leurs biens et services dans une autre province.
Bien que le marché national soit nettement plus réduit, le mouvement « Acheter canadien » pourrait offrir de nouvelles occasions aux entreprises canadiennes. Une augmentation de leur activité nationale leur permettrait ainsi d’atténuer les effets d’un ralentissement des ventes aux États-Unis.
Les entreprises doivent toutefois se familiariser avec certaines difficultés inhérentes au commerce interprovincial, de la distance géographique ou des restrictions sur la vente transfrontalière de certaines marchandises, aux différences réglementaires, comme celles concernant les licences, la sécurité et les normes techniques. Bien que l’on observe une nouvelle dynamique favorable à la suppression des barrières commerciales entre les provinces, certaines exceptions prévues dans l’Accord de libre-échange canadien (ALEC) peuvent néanmoins s’appliquer à votre entreprise.
2. À la recherche de nouveaux marchés mondiaux
Cependant, intensifier votre activité sur le marché national ne suffira sans doute pas à vous affranchir des États-Unis. Les entreprises canadiennes peuvent donc aussi chercher de nouveaux débouchés à l’étranger, au-delà de leur voisin immédiat.
Les accords de libre-échange commerciaux du Canada
Bien que l’on parle le plus souvent de l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM, anciennement Accord de libre-échange nord-américain, ALENA), le Canada a signé des accords similaires avec l’Union européenne (l’AECG) et la région Indo-Pacifique (le PTPGP). Le pays est actuellement signataire de 15 accords de libre-échange, qui couvrent 51 marchés mondiaux dont le PIB global représente 61 % de l’économie mondiale.
Ressources pour aider les entreprises canadiennes à pénétrer de nouveaux marchés
Il peut s’avérer coûteux et difficile de développer son activité à l’international, surtout lorsqu’il faut surmonter des barrières linguistiques ou culturelles et travailler dans des fuseaux horaires différents. Les entreprises qui souhaitent se tourner vers les marchés étrangers ne sont toutefois pas seules. Il existe, en effet, des programmes gouvernementaux pour aider les entreprises canadiennes à s’implanter à l’étranger, tels que ceux proposés par le Service des délégués commerciaux qui dépend du ministère Affaires mondiales Canada, les bureaux des gouvernements provinciaux chargés du commerce et de l’investissement, et Exportation et développement Canada (EDC).
RBC est partenaire du Programme d’accélération du commerce international (PAC), conçu pour aider les petites et moyennes entreprises à croître à l’échelle internationale grâce à des séances de planification stratégique et des ateliers pratiques.
Enfin, l’outil en accès libre RBC Connexion Globale permet aux entreprises canadiennes de trouver les pays les plus adaptés à leurs produits et services, pour les aider à développer leurs activités à l’étranger et faciliter leurs opérations internationales.
3. Prévoir un budget pour résister aux perturbations
Les conditions de la guerre commerciale évoluant rapidement, il est difficile de prévoir qui sera touché et dans quelle mesure. Les entreprises canadiennes peuvent se préserver de cette période d’instabilité en prévoyant un budget pour les imprévus.
En tant que propriétaire d’entreprise, vous pouvez analyser vos dépenses et déterminer les postes qui sont susceptibles de subir des hausses de prix. Pour les dépenses qui pourraient être soumises aux droits de douane, prévoyez une augmentation de 25 % et adaptez votre budget en conséquence. Vous pouvez aussi envisager de changer de fournisseurs pour diminuer vos frais.
Si vous faites partie des entreprises les plus exposées aux États-Unis, pensez à explorer différentes possibilités de vous assurer un fonds de roulement plus élevé pour couvrir une augmentation des frais d’exploitation ou des coûts des matériaux. Planifiez également les perturbations qui pourraient peser sur les échéanciers de paiements, car les chaînes logistiques devront s’adapter aux variations des prix.
Renseignez-vous dans un premier temps sur les programmes d’aide financière conçus pour atténuer les effets de la guerre commerciale, comme le Programme d’impact commercial mis en place récemment par EDC. Vous pouvez également prendre contact avec votre institution financière ou votre directeur relationnel RBC pour étudier les possibilités financières qui sont à votre disposition.
4. Envisagez de créer une entreprise aux États-Unis
On l’affirme parfois, « si la défaite est certaine, mieux vaut rejoindre le camp adverse ».
Si certaines entreprises peuvent se détourner des États-Unis au profit du marché national ou international, d’autres risquent tout simplement de disparaître sans le marché américain. Les entreprises qui ne pourront pas éviter la guerre commerciale pourraient avoir intérêt à ouvrir une filiale aux États-Unis ou à déplacer leurs activités au sud de la frontière pour éviter les droits de douane.
Selon une enquête menée par KPMG en janvier dernier, 65 % des entreprises canadiennes ont anticipé la guerre commerciale et pris des mesures préventives en déplaçant leurs marchandises ou leurs sites de production aux États-Unis avant l’investiture du président Trump. Et 48 % déclarent avoir prévu d’investir aux États-Unis et de mener leurs activités au sud de la frontière pour continuer à être présents sur le marché américain sans devoir payer des droits de douane.
Les entreprises canadiennes peuvent prendre contact avec leur institution financière ou leur directeur relationnel RBC pour en savoir plus sur les ressources et l’assistance à leur disposition pour bénéficier de services bancaires aux États-Unis.
5. Restez informé de l’actualité
L’actualité concernant les échanges commerciaux et les droits de douane s’inscrit actuellement sur un rythme inhabituel, et les événements qui ont des répercussions sur le monde entier semblent se produire à une vitesse vertigineuse.
Les dirigeants d’entreprises canadiennes se doivent de suivre l’actualité, sans toutefois être noyés sous un flot d’informations. Il est parfois salutaire de se couper des nouvelles et des médias sociaux pendant 24 heures et de consulter les informations directement à la source.
Par exemple, la page Nouvelles d’Affaires mondiales Canada rend compte des dernières informations sur les droits de douane et les décisions de politique étrangère du Canada. L’Espace commercial de RBC propose les perspectives et les éclairages avisés de spécialistes de la finance et du secteur bancaire pour aider nos clients à comprendre les défis posés par les droits de douane.
Les entreprises canadiennes n’ont pas demandé la guerre commerciale, mais elles ne peuvent pas non plus faire comme si elle n’existait pas. Par chance, elles ont déjà montré leur capacité de résilience et d’innovation en relevant de nombreux défis dans le passé. Si elles adoptent la bonne approche, elles réussiront aussi à passer au travers de la crise actuelle.
Si vous diversifiez votre clientèle (au Canada ou à l’étranger), gérez vos ressources financières avec prudence, envisagez de déplacer vos activités et restez bien informé des évolutions de l’actualité, vous réussirez à adapter votre entreprise à cette nouvelle réalité économique.