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La prochaine révolution verte à Lethbridge, Alberta : Élaborer des politiques agricoles efficaces, une histoire de collaboration entre les décideurs et les agriculteurs

Par Sarah Kelsey

Publié le août 16, 2023 • 7 min de lecture

Le meilleur moyen d’assurer une agriculture durable, c’est que le gouvernement travaille de concert avec les agriculteurs pour élaborer des politiques, comprendre les différences régionales en agriculture et trouver des façons d’encourager l’adoption de technologies novatrices dans les exploitations agricoles. C’est le consensus qui s’est dégagé parmi les invités du récent événement La prochaine révolution verte organisé par RBC à Lethbridge, en Alberta.

La table ronde réunissait les personnes suivantes :

Voici les grandes lignes de la discussion.

Les agriculteurs doivent participer à l’élaboration des politiques

L’une des nombreuses conclusions ayant fait l’unanimité est celle voulant que les agriculteurs prennent davantage part aux conversations entourant l’agriculture et les politiques gouvernementales connexes.

Selon M. Haney, le problème tient au fait que les fonctionnaires et les agriculteurs ne parlent pas toujours le même langage lorsqu’il est question d’agriculture durable.

« Je pense que trop souvent, nous perdons du temps à débattre du vocabulaire, dit-il. C’est difficile pour nous de savoir comment discuter au même niveau que certains des [représentants gouvernementaux] à qui nous nous adressons. »

Il précise que pour beaucoup d’agriculteurs, le fait de mentionner les termes « durabilité » et « agriculture » dans la même phrase peut créer de la confusion, car ils ont la conviction que ce qu’ils font est durable. M. Haney souligne toutefois que la durabilité va au-delà de l’exploitation d’une parcelle de terre qui nous appartient.

« Ce qu’il faut intégrer à la conversation [au sujet de la durabilité], c’est qu’il ne s’agit pas seulement d’écologie, mais aussi de durabilité financière, communautaire, et la liste continue. »

Pour combler ce fossé, Mme Tranberg suggère que les fonctionnaires passent plus de temps avec les agriculteurs et essaient de comprendre leurs besoins et leurs difficultés. Par exemple, elle révèle que de nombreuses discussions sur les politiques agricoles ont lieu pendant des périodes très occupées pour les agriculteurs (comme les semis et les récoltes), ce qui rend leur participation difficile. On pourrait éviter ce problème si les consultations étaient prévues en fonction du calendrier agricole. Les décideurs pourraient alors chercher activement à sonder l’opinion des agriculteurs et découvrir ce qui se passe sur le terrain.

D’après M. Coles, c’est fondamental, parce que le gros inconvénient de l’absence des agriculteurs à la table de discussion, c’est que les politiques élaborées risquent de ne pas tenir compte du point de vue des personnes qui connaissent le mieux le domaine.

L’agriculture est intrinsèquement régionale

Le thème de la régionalité est aussi lié à cette conversation sur la prise de décisions politiques de manière collaborative.

Les politiques mises en place pour soutenir l’agriculture en Europe et aux États-Unis ne devraient pas s’appliquer au Canada, puisque les conditions du sol, le climat et les systèmes d’aide économique diffèrent d’un pays à l’autre (et même d’une ville à l’autre).

M. Haney estime qu’il est essentiel de tout examiner sous l’angle local.

Il donne comme exemple le contraste entre l’industrie agricole canadienne et celle complètement différente du transport aérien. Pour l’industrie du transport aérien, les représentants gouvernementaux peuvent s’adresser à trois compagnies (Porter, WestJet et Air Canada) et mettre en œuvre des politiques qui couvrent diverses régions géographiques de manière globale. C’est parce que ces sociétés ont les mêmes problèmes et peuvent parler d’une seule voix.

« Dans notre industrie, on va du triangle de Palliser, au nord de l’Alberta, à la Saskatchewan, à l’Île-du-Prince-Édouard, note-t-il. Certains enjeux sont semblables, mais d’autres n’ont rien à voir, et c’est ce qui complexifie tout cela. Il est difficile de faire comprendre aux décideurs politiques que les cultures de couverture peuvent bien fonctionner dans le sud de l’Ontario à certaines fins (et c’est une excellente affaire), mais qu’ici, dans le triangle de Palliser, on peut s’estimer heureux si l’on reçoit quelques gouttes de pluie. »

De l’avis général des invités, la solution est de créer des politiques et des objectifs adaptés à chaque région.

Le financement de l’innovation est crucial

Pour que l’industrie agricole canadienne devienne plus durable sur le plan environnemental, il faut aussi absolument que les agriculteurs reçoivent les outils (ou le financement) dont ils ont besoin afin d’améliorer l’efficacité énergétique de leurs tâches et méthodes.

Mme Tranberg croit que la rapidité avec laquelle les produits novateurs obtiennent une approbation réglementaire constitue une lacune importante du côté des pouvoirs publics. Elle donne l’exemple du 3-nitrooxypropanol (un inhibiteur de la production de méthane). Il a été prouvé que cet additif permet de réduire les émissions de méthane chez les bovins à viande et les vaches laitières, mais le gouvernement tarde à en autoriser l’utilisation.

« Compte tenu de la rigidité de la mécanique réglementaire et de la petite taille du marché [au Canada], qu’est-ce qui pourrait inciter une société comme celle-là [à venir ici]? », demande-t-elle, ajoutant que cela fait en sorte que les agriculteurs canadiens ne peuvent pas progresser au même rythme que ceux d’autres pays.

Ce qu’il faut, c’est que les agriculteurs aient accès à des outils novateurs qui leur fournissent plus rapidement des données sur le fonctionnement de leurs processus de production. Cela pourrait les aider à prendre des mesures augmentant l’efficacité énergétique.

« Les agriculteurs aiment l’équipement, déclare M. Haney. Nous pouvons réellement nous intéresser à la technologie. Quand une solution apporte un rendement du capital investi en plus de stimuler la production, nous sommes comblés. »

Pour M. Coles, en réalité, l’agriculture repose sur la gestion des risques ; or, l’innovation est un pari risqué. La plupart des agriculteurs sont néanmoins ouverts à l’idée d’essayer de nouvelles choses pour améliorer leurs façons de faire et leur utilisation de l’énergie. Le gouvernement devrait financer des essais technologiques.

« Cela dit, les producteurs qui osent être à l’avant-garde ont parfois besoin d’un peu d’aide, d’un coup de pouce pour se doter d’un nouvel équipement, quel qu’il soit », indique M. Haney.

Selon lui, c’est là que des banques comme RBC peuvent (et devraient) aider.

« La technologie et l’innovation constituent l’une des façons de résoudre certains des problèmes auxquels nous faisons face, renchérit-il. Je crois donc qu’il [est essentiel] que [RBC], qui est l’un des principaux prêteurs au pays, finance la technologie. Il est aussi nécessaire que le [financement] soit fait de manière appropriée, de sorte qu’il n’y ait pas de conséquences financières non intentionnelles découlant de l’intégration d’une politique environnementale dans des conventions de crédit. »

M. Yaghi exprime son accord et fait remarquer que la série de conférences La prochaine révolution verte se veut un point de départ pour entamer un dialogue important.

Cliquez ici pour consulter le récent rapport La prochaine révolution verte de RBC.

Vous pouvez également découvrir ce que les experts du secteur et les agriculteurs présents lors de nos autres événements avaient à dire à propos du rôle de la durabilité dans l’avenir de l’agriculture.

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