TLPL
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Le pessimisme qui régnait en début d’année s’est en partie dissipé, la devise et l’économie du Canada s’étant comportées mieux que prévu.
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On le doit principalement à l’AEUMC, qui a servi de bouclier contre certaines des mesures douanières les plus rigoureuses ; le Canada a finalement été le partenaire commercial des États-Unis le moins touché, alors qu’on craignait qu’il soit l’une des principales victimes.
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Bien que les perspectives s’améliorent pour le huard et l’économie en général, la situation demeure instable.
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La pause de 90 jours sur les droits de douane et le délai de 30 jours accordé au Canada pour s’entendre avec son voisin expirent début juillet.
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L’instabilité géopolitique qui règne au Moyen-Orient et ailleurs risque de déstabiliser des marchés déjà en difficulté.
Les perspectives économiques du Canada se sont considérablement améliorées en un temps relativement bref, mais la volatilité demeure.
Dans les premiers jours de l’année, des menaces de droits de douane étonnamment élevés ont fait chuter le dollar canadien à un niveau jamais vu en 22 ans, ce qui a incité la Banque du Canada à réduire son taux directeur afin de soutenir une économie dont on craignait l’essoufflement.
Depuis, cependant, l’économie canadienne s’est révélée solide (ce lien mène à un site web dont le contenu est en anglais seulement), la guerre commerciale a causé moins de dommages que prévu et la réduction des taux d’intérêt est restée modeste.
Au fil des mois, RBC a revu ses taux estimatifs de croissance de l’économie, les faisant passer de 1 % en 2025 et 0,9 % en 2026 à respectivement 1,6 % et 1,3 %. De même, après avoir envisagé que le taux directeur serait ramené à 2,25 %, la Banque estime à présent qu’il va se maintenir à 2,75 % et que le dollar, au lieu de s’affaiblir, va se renforcer légèrement à court et à moyen terme.
« Il s’agit d’un revirement complet, explique George Davis, premier directeur général, Titres à revenu fixe, devises et marchandises, RBC Marchés des capitaux. Jusqu’ici, le Canada n’a pas souffert autant que nous le craignions des droits de douane, et la croissance n’a pas trop faibli non plus. »
L’heureuse influence de l’AEUMC
Ce rebondissement est dû en grande partie à l’Accord États-Unis–Mexique–Canada (AEUMC) qui, selon George Davis, a amorti le choc et permis au Canada d’être, contre toute attente, l’un des partenaires commerciaux des États-Unis les moins touchés.
« L’an dernier, les droits de douane appliqués aux exportations canadiennes étaient, en valeur réelle nette, de l’ordre de 2,5 %. Après la première vague, ils sont passés à 3,5 % ; en raison de la récente hausse des droits qui frappent l’acier et l’aluminium (ce lien mène à un site web dont le contenu est en anglais seulement), ils s’établissent aujourd’hui à environ 4,6 %. »
George Davis ajoute que ce chiffre représente l’ensemble des droits appliqués aux biens exportés par le Canada aux États-Unis, les articles visés par l’AEUMC bénéficiant toutefois d’une exemption.
Certes, des droits de 4,6 % ne sont pas l’idéal, mais ils frappent beaucoup moins durement que ne l’aurait fait le taux général de 25 % annoncé (ce lien mène à un site web dont le contenu est en anglais seulement) au début de l’année ou que ne l’ont fait les droits de base de 10 % appliqués (ce lien mène à un site web dont le contenu est en anglais seulement) en avril à la plupart des autres partenaires commerciaux. Au total, l’impact a été bien moins dévastateur que prévu.
« La situation est nettement moins grave que ce qu’on appréhendait et le Canada dispose même d’un certain avantage concurrentiel : à 4,6 %, les droits réels qu’imposent les États-Unis au Canada sont les plus faibles, tous partenaires confondus. »
Il y a quelques mois seulement, on pensait que le Canada – l’un des plus importants partenaires commerciaux des États-Unis et cible favorite de leur président – serait l’un des pays les plus touchés. En fait, il a été l’un des moins frappés, ce qui l’a conduit à revoir de fond en comble ses prévisions économiques.
Quelles perspectives pour l’économie et la monnaie canadienne ?
Nous ne sommes pas encore sortis du bois, comme on dit.
Jusqu’ici, le pays a été relativement épargné par la hausse des droits de douane, mais la situation est encore loin d’être stable. Pour commencer, l’AEUMC doit être renégocié en 2026.
Par ailleurs, le statu quo demeure fragile, car juillet est là – la mise sur pause pendant 90 jours (ce lien mène à un site web dont le contenu est en anglais seulement) accordée par M. Trump à l’échelle mondiale va expirer et le gouvernement canadien continue de négocier les modalités d’un nouvel accord avec les États-Unis.
« Cette fois, au lieu des bouleversements mondiaux auxquels nous avons assisté début avril, les choses pourraient se passer davantage de pays à pays », dit George Davis de la nouvelle salve de droits de douane.
Pour le moment, les États-Unis n’ont signé qu’un accord commercial officiel. L’entente (ce lien mène à un site web dont le contenu est en anglais seulement), qui a été conclue avec le Royaume-Uni à la mi-juin, pourrait éviter à ce pays de nouveaux droits de douane, et George Davis pense que le Canada pourrait parvenir à un accord similaire d’ici quelques semaines.
« Pour les pays avec lesquels ils sont actuellement en pourparlers, les Américains vont peut-être décider de repousser à nouveau la date limite. Pour les autres, ils pourraient décréter que les choses vont trop lentement – on pourrait alors assister à une nouvelle flambée. »
L’instabilité ne se limite pas aux marchés financiers
Les droits de douane ne sont qu’un des éléments d’un casse-tête aux multiples dimensions géopolitiques, donc de plus en plus complexe.
Le bref engouement pour la devise américaine qu’a suscité l’escalade militaire déclenchée ces derniers jours au Moyen-Orient illustre l’un des principaux risques que courent les investisseurs en ces temps de grande volatilité.
En prétendant s’engager directement dans ce conflit, se retirer de l’OTAN ou ne plus soutenir l’Ukraine, l’administration actuelle rompt avec les pratiques traditionnelles et fait constamment peser sur le marché la menace de bouleversements majeurs.
« Face à toute cette incertitude, les investisseurs s’interrogent sur le danger d’une trop grande exposition aux actifs américains, remarque George Davis. Certains ont réduit la leur, ce qui a fait fléchir le dollar. »
Si le contexte économique était différent, ajoute notre interlocuteur, les manchettes consacrées à l’instabilité géopolitique n’auraient pas un si grand impact sur les marchés.
« Les États-Unis sont en train de s’isoler pour de bon. Ils rompent les ententes commerciales et militaires conclues jadis avec leurs alliés. L’incertitude qui s’installe change complètement notre perception des actifs et du dollar américains. Chaque fois que tombe une mauvaise nouvelle, les investisseurs sont bien plus prompts qu’avant à se départir de titres américains. C’est pourquoi on peut être plus optimiste quant au devenir de la devise canadienne. »
Ce que cela signifie pour les entreprises et les investisseurs du Canada
Les changements survenus récemment au chapitre de l’économie, des taux d’intérêt et des devises vont forcer certains Canadiens à modifier leurs plans. Les tensions politiques et la baisse du huard en avaient incité beaucoup à ne pas se rendre aux États-Unis, mais la situation s’est améliorée sur ces deux tableaux.
« Pour ceux qui envisagent de passer leurs vacances au sud de la frontière, il en coûtera certainement moins cher, car notre devise s’est nettement renforcée – une surprise tout aussi agréable pour les entreprises qui s’approvisionnent aux États-Unis. »
George Davis met néanmoins les investisseurs en garde.
« La conjoncture actuelle impose la plus grande prudence. Au sein du portefeuille de nombreux investisseurs canadiens, la proportion de titres américains est raisonnable, mais je crois que l’isolationnisme grandissant qu’on observe un peu partout exige d’être vigilant, car les marchés sont aujourd’hui beaucoup plus sensibles. »
Les Canadiens peuvent consulter la page Leadership avisé RBC pour rester informés des dernières tendances, communiquer avec leur conseiller en services bancaires et discuter avec lui des risques auxquels ils sont exposés, ou échanger avec l’équipe Titres mondiaux à revenu fixe et devises RBC pour en savoir plus sur l’évolution du huard et ses conséquences.