Skip to main content

Transition de votre entreprise vers les énergies renouvelables – Démarrage

By Andrew Seale

Published 23 juin 2025 • 13 min de lecture

Lorsqu’en 2006 Adam Pesce s’est joint à Reunion Coffee Roasters (ce lien mène à un site web dont le contenu est en anglais seulement), l’entreprise familiale, il s’intéressait déjà aux répercussions climatiques et sociales. Il a tout d’abord réorganisé le mode de fonctionnement des brûleries, installées à Toronto et à Oakville, de manière à privilégier un approvisionnement responsable et des conditionnements durables, mais s’est ensuite senti perdu lorsqu’il a souhaité diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES) de l’entreprise en passant à des énergies renouvelables, telles que le solaire, l’éolien ou l’hydroélectricité.

« En tant que jeune professionnel désireux d’améliorer encore la durabilité environnementale de son entreprise, je me sentais totalement démuni », se rappelle Adam Pesce, président de l’entreprise de torréfaction fondée par son père, Peter, en 1995. « Nous avions alors très peu de ressources à notre disposition. »

Reunion Coffee est désormais certifiée « B Corp » et travaille avec des exploitations et des coopératives sur des projets de développement, finance des organismes de certification qui encouragent le développement social, environnemental et financier, et a réduit ses émissions de GES en s’alimentant exclusivement en énergie renouvelable auprès de Bullfrog Power (ce lien mène à un site web dont le contenu est en anglais seulement).

Près de 20 ans plus tard, beaucoup d’entreprises qui veulent se décarboner (ce lien mène à un site web dont le contenu est en anglais seulement) rencontrent les mêmes difficultés que Reunion Coffee : par où commencer pour passer aux énergies renouvelables ?

Saisir les occasions de décarboner votre entreprise

D’après un sondage effectué en 2023 par KPMG auprès des entreprises privées (ce lien mène à un site web dont le contenu est en anglais seulement), la majorité (78 %) des petites et moyennes entreprises ont mis en place des politiques ou des programmes destinés à diminuer l’incidence de leurs émissions de GES. Sept sur dix déclarent pourtant manquer de temps et de ressources pour en faire leur priorité, et citent leur manque de compétences et d’expertise dans le domaine, ainsi que la complexité des processus de décarbonation de leurs chaînes d’approvisionnement parmi les principaux obstacles rencontrés.

Il n’est pas toujours facile de se repérer dans cet univers. Compte tenu toutefois de l’évolution rapide du marché des énergies renouvelables, les entreprises canadiennes pourraient étudier les différentes possibilités qui s’offrent à elles et voir comment la décarbonation peut les aider à atteindre leurs objectifs en matière de durabilité environnementale.

Le coût des énergies renouvelables s’inscrit globalement à la baisse : depuis 2009, le prix du solaire a ainsi diminué de 83 %, celui de l’éolien de 65 %. Et pourtant, d’après les données recueillies par CanREA (Association canadienne de l’énergie renouvelable), les énergies solaire et éolienne ont satisfait à seulement 8 % de la demande d’électricité au Canada en 2023.

Pour Phil McKay, directeur principal des ressources énergétiques distribuées et de l’intégration au réseau au sein de CanREA, un grand nombre d’entreprises en sont restées aux prémices de la transition énergétique.

« Je crois que dès lors que les gens commencent à se faire à l’idée de passer à l’énergie renouvelable et à y consacrer du temps, la transition prend tout son sens pour un grand nombre d’entre eux », explique-t-il. « Mais il est parfois un peu compliqué d’en arriver là. »

Selon Phil McKay, la première étape sur la voie de la décarbonation est de comprendre quels avantages cela pourrait apporter à votre entreprise.

« C’est différent pour chaque entreprise et fonction de l’endroit où vous vous trouvez dans le pays », dit-il. « Il existe un large éventail d’options qu’il est possible d’adapter à vos besoins. »

Les avantages potentiels sont pour lui de deux ordres, généralement interdépendants : l’accessibilité financière, ainsi que les objectifs et le leadership en matière de durabilité environnementale.

Accessibilité et occasions de réaliser des économies

L’accessibilité entre en ligne de compte de différentes manières. M. McKay évoque la couverture des prix, c’est-à-dire une protection contre une éventuelle hausse du coût de l’énergie à l’avenir.

« L’entreprise est peut-être en phase d’expansion et souhaitera construire des installations solaires et de stockage pour répondre à ses besoins », indique-t-il. Il peut aussi s’agir d’un processus d’électrification global, avec le passage d’un système de chauffage au gaz à des appareils électriques, lesquels peuvent réduire la facture énergétique. M. McKay précise que CanREA répertorie les coûts de l’énergie par province.

La résilience climatique est un autre facteur pris en compte. D’après Électricité Canada, près de la moitié des pannes d’électricité qui se sont produites en 2023 était due à des événements météorologiques.

« Se retrouver privée de courant peut coûter très cher à une entreprise », déclare M. McKay. « On peut résister à un certain nombre de ces événements météorologiques grâce à des batteries solaires, au lieu d’acheter du gaz pour faire tourner le générateur qui permettra de préserver les activités essentielles de l’entreprise. »

Pour en savoir plus : Rénovation de bâtiment commercial : en apprendre sur le rendement

Objectifs de durabilité et occasions de leadership

Selon une étude (ce lien mène à un site web dont le contenu est en anglais seulement) menée récemment par Enterprise Ireland, 84 % des chefs d’entreprise canadiens accordent une place importante aux principes ESG dans leur politique d’entreprise. Mais près des trois quarts des employeurs reconnaissent qu’il est difficile de transcrire ces principes en actes.

La décarbonation peut constituer un objectif de durabilité de poids. « Ce sujet fait écho auprès d’un grand nombre de personnes aujourd’hui », remarque M. McKay. « Les entreprises peuvent montrer quelle quantité d’énergie propre elles ont utilisée pour fabriquer leur produit, quel que soit le domaine. »

Pour Adam Pesce et Reunion Coffee, économies, efficacité et leadership en matière de durabilité sont liés.

« Nous payons des kilowattheures, et nous pensons donc aussi en termes d’efficacité », déclare-t-il. « D’une manière générale, lorsque nous nous développons, lorsque nous évoluons, achetons du nouveau matériel, adaptons nos équipements, et réalisons des travaux de maintenance, nous réfléchissons à la manière dont nous pouvons diminuer notre consommation d’énergie par livre de café torréfié. »

Dès lors que vous avez repéré les moteurs de changement propre à votre entreprise, vous pouvez passer à la manière de procéder.

Utilisez les données énergétiques de votre entreprise pour trouver les sources d’inefficacité

Pour Ryan Zizzo, fondateur et chef de la direction de Mantle Developments (ce lien mène à un site web dont le contenu est en anglais seulement), entreprise de conseil dans le domaine du climat spécialisée dans le bâti, les factures énergétiques recèlent une mine de données.

« Avant de faire appel à des consultants externes ou d’embaucher quelqu’un, la première chose à faire est de regarder les données énergétiques », explique-t-il. « Il est toujours surprenant de voir comment elles reflètent de grandes tendances. »

Il préconise de rassembler toutes les factures énergétiques, celles de gaz et d’électricité comprises, et d’entrer les chiffres dans un tableur pour examiner votre consommation au fil du temps et la manière dont elle évolue.

« Quelle est votre consommation en janvier, en septembre ou en juin ? Regardez comment elle varie selon les périodes. Peut-être qu’elle est quatre fois plus importante en hiver parce que vos fenêtres ne sont pas efficaces », indique M. Zizzo.

Faites vérifier les bâtiments de votre entreprise

Effectuez ensuite un audit énergétique complet de votre entreprise pour examiner les systèmes utilisés et l’enveloppe du bâtiment (murs extérieurs, fondations, toit, portes et fenêtres), et évaluer votre consommation d’énergie.

D’après la Banque de développement du Canada (BDC), les audits vont en principe du niveau 1, qui correspond à une évaluation sommaire, au niveau 3, qui fournit des renseignements techniques détaillés. Les prix varient, mais comptez de 1 à 10 cents le pied carré pour les niveaux 1 et 2.

L’audit peut se révéler très utile d’un point de vue financier : selon la BDC, il est possible de réaliser 15 % d’économie pour la plupart des bâtiments, en adoptant des mesures peu coûteuses ou gratuites.

« Ces audits énergétiques recommandent toute une série de mesures, et c’est ensuite au propriétaire de choisir celles qu’il veut appliquer », indique M. Zizzo.

Prenez vos décisions en fonction de votre situation

Adam Pesce s’est vite rendu compte que l’installation d’éoliennes ou de panneaux solaires sur le toit du bâtiment du Reunion Coffee situé à Oakville coûterait cher. Pour décarboner son entreprise, il lui fallait réaliser des investissements rentables, efficaces et surtout, simples. 

« À l’époque, il aurait fallu réaliser beaucoup de travaux d’aménagement pour supporter le poids des panneaux solaires, et en plus, le solaire coûtait extrêmement cher », explique M. Pesce. « Les éoliennes ne convenaient pas, car nous n’avons pas assez de place. »

D’une superficie de 50 000 pieds carrés, la brûlerie abrite des appareils fonctionnant au courant triphasé, une installation plus robuste que celle utilisée dans les habitations. « Nous consommons beaucoup d’énergie », ajoute-t-il. « La capacité des batteries solaires aurait donc également posé problème. »

Bien que Ryan Zizzo souligne que toutes les transformations conduisant à une plus grande électrification des systèmes peuvent contribuer à diminuer les émissions de GES des bâtiments – « l’installation d’une thermopompe est certainement le moyen le plus efficace de réduire la consommation de gaz de votre entreprise » – toutes les entreprises ne peuvent pas passer au 100 % électrique, surtout si elles doivent faire tourner des machines.

« Nous consommons beaucoup de gaz naturel pour faire fonctionner les appareils de torréfaction », précise M. Pesce. Reunion Coffee travaille actuellement avec un ingénieur en environnement pour mettre au point un moyen de récupérer la chaleur dégagée pendant la torréfaction pour chauffer le café au préalable et réduire ainsi la consommation d’énergie.

Les financements qui accompagnent la transition énergétique de votre entreprise

Les données publiées récemment par Statistique Canada ont montré que, pour une entreprise sur trois, le manque de ressources financières constitue le principal obstacle à l’adoption de mesures vertes dans un avenir proche.

Phil McKay, de CanREA, rappelle qu’il existe des programmes incitatifs pour financer les actions de décarbonation :

Incitatifs fédéraux

« Les crédits d’impôt à l’investissement offerts par le gouvernement fédéral représentent selon moi l’un des dispositifs les plus intéressants pour les entreprises qui veulent investir dans ce domaine », indique M. McKay. Le crédit d’impôt à l’investissement pour les technologies propres permet de rembourser jusqu’à 30 % des capitaux investis dans des technologies vertes, telles que les thermopompes, les systèmes de génération d’électricité propre comme les éoliennes, les panneaux solaires ou les dispositifs fixes de stockage d’énergie. Un conseiller fiscal sera à même de vous fournir davantage de renseignements sur les crédits d’impôt.

Incitatifs provinciaux

« Renseignez-vous sur les dispositifs locaux », conseille M. McKay.

En Ontario, M. Pesce déclare avoir sollicité le programme Économisez l’énergie de la Société indépendante d’exploitation du réseau d’électricité (SIERE) pour moderniser gratuitement ses installations.

« Nous avons adopté l’éclairage à DEL dans tout le bâtiment, et cela nous a permis de diminuer nettement notre consommation d’énergie », dit-il.

Parmi les autres possibilités de financement des mesures de décarbonation, citons aussi le programme de financement écoénergétique sur les biens immobiliers (PACE), proposé dans plusieurs provinces du pays.

Ressources naturelles Canada a établi un inventaire des programmes visant à aider les entreprises à améliorer leur efficacité énergétique ou à adopter des sources d’énergie alternatives. Le répertoire recense les programmes offerts par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, les municipalités et les principales compagnies d’électricité et de gaz. 

Conventions d’achat d’énergie

Les conventions d’achat d’énergie constituent un accord aux termes duquel l’installateur et le client conviennent d’installer des panneaux solaires sur l’entreprise moyennant un coût initial faible ou nul. L’installateur vend ensuite l’électricité au client à un prix fixe pendant une période comprise entre 10 et 25 ans. À l’issue de cette période, le client peut acheter le dispositif ou le faire enlever.

Bullfrog Power répond finalement aux besoins de Reunion Coffee.

« En fait, je n’ai pas envie de devenir expert en énergie solaire et je ne veux pas en embaucher un non plus, ce n’est pas notre métier, nous sommes une entreprise de torréfaction », affirme M. Pesce. « Ce que je voulais, c’était trouver un partenaire en mesure d’adapter les énergies renouvelables à une entreprise comme la nôtre, très énergivore, et d’une taille qui permet difficilement de le faire seul. Nous avons fait ce qui était le plus raisonnable et le plus pratique pour nous. »

Des changements progressifs

Selon Adam Pesce, la décarbonation est souvent perçue comme un projet énorme, mais ce sont des mesures progressives, surtout en ce qui concerne la consommation énergétique.

« Je suis convaincu que tout un ensemble de petites transformations fait réellement changer les choses », dit-il. « De nombreuses mesures et pratiques permettent de diminuer les charges fantômes : éteindre les barres multiprises en fin de journée et le week-end, arrêter les ordinateurs, ne pas laisser toutes les lumières allumées, accorder plus d’attention à la manière dont nous travaillons au quotidien. »

Partager cet article

Topics:

Perspectives secteur commercial