TLPL
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Les employeurs se montrent prudents face à l’incertitude économique
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L’inflation des diplômes peut freiner l’accès à l’embauche, ce qui devrait inciter les employeurs à revoir leurs critères
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La rémunération – et sa transparence – compte énormément pour les chercheurs d’emploi, et les employeurs réagissent
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La flexibilité au travail, notamment le travail hybride, reste une priorité pour les chercheurs d’emploi
Le marché du travail canadien est en pleine évolution, influencé par des facteurs aussi variés que les tendances migratoires, les tensions géopolitiques et les comportements adoptés après la pandémie. Ce changement, bien que déroutant, offre aux chercheurs d’emploi et aux employeurs des occasions de s’adapter et d’innover.
Dans le webinaire Se frayer un chemin dans le marché du travail canadien de 2025 – Perspectives de l’économiste principal d’Indeed, Brendon Bernard nous donne sa perspective du marché du travail et cinq principaux points que les employeurs devraient retenir au sujet de l’embauche en 2025.
L’état actuel du marché du travail canadien
Le marché du travail canadien est en pleine évolution. Si le taux de chômage (6,6 % en février) reste raisonnable si on le compare aux données historiques, le marché de l’emploi est loin d’être aussi favorable qu’après la pandémie, où il avait atteint un creux historique de 5,0 %. Les chercheurs d’emploi font aujourd’hui face à un environnement plus compétitif.
Les employeurs, quant à eux, constatent un changement dans le profil des candidats. Alors que la croissance démographique était auparavant alimentée par les résidents non permanents, les étudiants étrangers et les détenteurs de permis de travail temporaire, les récentes modifications des politiques migratoires commencent à redéfinir les stratégies de recrutement.
Évidemment, tous les secteurs ne réagissent pas de la même façon. Certains peinent à retrouver leur vigueur d’avant, comme l’hébergement et la restauration, alors que d’autres, comme le marketing, la comptabilité et l’ingénierie, affichent une croissance marquée.
À cela s’ajoutent les incertitudes liées aux droits de douane, qui viennent complexifier un marché déjà bien nuancé.
Pour les propriétaires d’entreprise, ces bouleversements peuvent être à la fois source de défis et d’occasions. Recruter en 2025 exigera peut-être une nouvelle approche, mais comprendre les tendances et les forces en jeu dès maintenant permet d’attirer les talents qui permettront de prospérer. M. Bernard présente ici les principales tendances susceptibles d’influencer la façon dont vous publiez les offres d’emploi, recrutez et embauchez dans le contexte actuel.
Cinq principaux points que les employeurs devraient prendre en considération en 2025
1. L’incertitude économique incite à la prudence
L’incertitude fait partie de la réalité des entreprises, mais en 2025, ce sont les droits de douane qui semblent inquiéter le plus. « L’économie canadienne est très sensible à ces changements », affirme M. Bernard, soulignant que cette instabilité influence déjà le marché du travail.
Le recrutement, explique M. Bernard, est par nature tourné vers l’avenir, et l’incertitude croissante complique la planification. « On observe une baisse des offres d’emploi dans le secteur manufacturier, et davantage de volatilité dans le secteur minier », explique-t-il. « Ces deux secteurs, qui exportent massivement aux États-Unis, sont naturellement plus exposés aux effets immédiats des droits de douane. »
2. L’inflation des diplômes restreint l’accès à l’embauche
Outre les perturbations géopolitiques, l’équipe d’Indeed voit une autre tendance apparaître : l’inflation des diplômes. « On constate que des offres d’emploi exigent désormais un baccalauréat ou une maîtrise, alors que ce n’était pas le cas auparavant », explique Alexandra Tillo, consultante en marketing des talents chez Indeed. Si certains postes, comme dans le domaine de la santé, nécessitent effectivement une formation poussée, les employeurs gagneraient à se demander si un diplôme postsecondaire est vraiment essentiel pour chaque rôle. « Des candidats très qualifiés sont confrontés à cet obstacle alors qu’ils ne l’étaient pas auparavant. »
Les employeurs qui peinent à trouver les bons candidats devraient songer à assouplir ces exigences afin d’élargir leur bassin de candidats.
3. La rémunération reste une priorité
Après la flambée des salaires qui a suivi la pandémie, la croissance s’est stabilisée. Aujourd’hui, la hausse annuelle se situe autour de 2,8 %, contre 5 % à son plus haut (Indeed Hiring Lab). La rémunération demeure cependant une motivation majeure pour les chercheurs d’emploi. « Lorsque nous demandons aux chercheurs d’emploi ce qu’ils recherchent avant tout, la réponse est claire : une meilleure rémunération », explique M. Bernard.
Voilà pourquoi les employeurs sont de plus en plus nombreux à divulguer la rémunération dans leurs offres. « Il y a cinq ans, c’était peut-être une offre sur cinq. Aujourd’hui, c’est plutôt une sur deux », précise M. Bernard. Selon lui, la loi sur la transparence salariale en Colombie-Britannique a grandement contribué à cette évolution, mais la tendance est nationale. « C’est une tendance que l’on observe dans l’ensemble du pays et des ressources humaines. Les chercheurs d’emploi veulent savoir si cela vaut la peine de postuler. »
M. Bernard ajoute que d’autres aspects – comme la qualité du lieu de travail, le sentiment d’appartenance et la compétence des dirigeants – sont également essentiels pour attirer et retenir les meilleurs talents.
4. La flexibilité reste un atout majeur
Malgré le débat suscité par le retour au bureau, celui-ci ne semble pas s’imposer comme une tendance forte, le modèle hybride étant toujours aussi populaire. En réalité, environ 14 % des offres d’emploi mentionnent le travail à distance ou hybride (Indeed Hiring Lab). Et selon les sondages réalisés par Indeed auprès des demandeurs d’emploi, 88 % d’entre eux déclarent rechercher un emploi offrant une certaine flexibilité horaire et géographique (Business News Daily, « Want Top Talent? Give Employees the Flexibility They Seek »). « Le poste n’a pas besoin d’être entièrement à distance, mais la flexibilité reste un facteur déterminant. Selon moi, cette tendance est là pour durer », déclare M. Bernard.
5. L’IA ne joue pas (encore) un rôle déterminant
L’IA générative suscite autant d’enthousiasme que d’inquiétudes, mais son influence sur les pratiques d’embauche reste marginale. « Très peu d’employeurs demandent explicitement une expérience en matière d’IA ou en font un élément central du poste », explique M. Bernard. Selon lui, les outils d’IA permettent en effet de gagner en productivité sur certaines tâches, mais ils n’ont pas encore bouleversé les méthodes de travail.
Même si le marché du travail en 2025 s’annonce incertain, son évolution offre également des occasions aux employeurs et aux chercheurs d’emploi prêts à évoluer. Les employeurs qui sauront s’adapter aux tendances émergentes pourront optimiser leurs processus d’embauche pour trouver les talents qui les aideront à prospérer.
+ Source : data.indeed.com (en anglais)