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Diversification, adaptation et souplesse : Comment assurer la pérennité de votre chaîne logistique

By Banque Royale du Canada

Published 16 septembre 2025 • 10 min de lecture

TLPL

  • Les tensions commerciales continues ont mis en évidence la nécessité pour les entreprises canadiennes de sécuriser leurs chaînes d’approvisionnement et de réduire leur dépendance à l’égard d’un seul pays ou d’une seule région.

  • En diversifiant leurs chaînes d’approvisionnement, en recrutant des talents internationaux et en valorisant la diversité culturelle, les entreprises peuvent mieux gérer les incertitudes et tisser de solides relations avec leurs partenaires étrangers.

  • Pour garantir résilience et adaptabilité, les entreprises devraient donner la priorité aux régions stratégiques et être prêtes à réaliser des investissements à long terme dans leurs stratégies de chaîne d’approvisionnement.

Avec l’instabilité croissante du commerce mondial, les entreprises canadiennes peuvent ressentir le besoin de sécuriser leurs chaînes d’approvisionnement.

Cette réalité est devenue évidente pour CEC Mining Systems, un fournisseur de solutions d’ingénierie et d’équipements miniers basé à Vancouver, après l’apparition de la pandémie de COVID-19.

À l’instar de nombreuses entreprises canadiennes, CEC Mining dépendait fortement de la Chine pour la fabrication des équipements qu’elle conçoit pour des projets miniers dans le monde entier.

« Dans l’établissement où nous fabriquions nos produits, le gouvernement chinois a bloqué l’entrée de nos travailleurs, explique Cameron Stockman, directeur général de CEC Mining. Des représentants du gouvernement se sont présentés sur place et ont fermé la grille d’entrée avec un cadenas. »

Cette expérience, qui a entraîné des retards de projet et des difficultés, a incité CEC Mining à rapatrier une plus grande partie de ses opérations.

« Pendant cette période, nous avons ramené plusieurs lignes de fabrication au Canada et aux États-Unis, explique-t-il. Nous nous inquiétions du risque de restrictions pandémiques prolongées en Chine continentale et dans la région, ainsi que – à l’époque – de la montée des tensions verbales entre le Canada et la Chine. »

L’entreprise de 50 personnes – qui conçoit et concède sous licence des équipements utilisés pour l’extraction de métaux de base, de métaux précieux et de minerai de fer, puis les associe à ses services d’ingénierie – ne possède ni n’exploite d’unités de fabrication en propre, en dehors de la production de ses membranes céramiques. Elle s’appuie plutôt sur des sous-traitants pour effectuer la découpe, le soudage et l’assemblage des pièces reçues de fabricants à l’étranger.

« Nous confions ce travail à des partenaires, estimant qu’une telle diversification au-delà des océans, des fuseaux horaires et de la géopolitique est le meilleur moyen de réduire les risques pour notre entreprise », explique M. Stockman.

Les changements politiques en cours continuent de provoquer des transformations

Si cette solution a permis à CEC Mining de surmonter les défis liés aux relations commerciales avec la Chine après la pandémie, M. Stockman précise que de nouveaux risques ont eu tôt fait de survenir, rendant nécessaire un nouvel examen de la chaîne d’approvisionnement.

« Le lendemain de l’élection de M. Trump, j’ai convoqué une réunion générale du comité exécutif, et nous avons immédiatement entamé l’évaluation de la production locale aux États-Unis afin de réduire le risque lié aux hausses de droits de douane sur nos produits, dit-il. Malgré les éventuelles discussions commerciales et ententes entre les gouvernements canadien et américain, ces risques ne disparaîtront pas. Ils ne feront que se présenter sous d’autres formes, et nous prévoyons que les 50 prochaines années seront très différentes des 50 dernières. »

Même si c’est une réalité difficile à accepter, M. Stockman insiste sur le fait que les entreprises canadiennes ne peuvent pas se permettre de penser que l’instabilité récente n’est qu’une parenthèse avant le retour aux conditions commerciales mondiales qu’elles avaient connues.

Même s’il garde espoir, M. Stockman affirme que CEC Mining se prépare à un monde où les anciennes règles de coopération et de libre-échange ne sont plus valables, et il conseille aux chefs d’entreprises canadiennes, grandes comme petites, d’adopter la même approche.

Voici certaines des stratégies qu’il préconise pour solidifier les chaînes d’approvisionnement internationales face à un contexte mondial toujours plus instable :

1. Diversifiez vos chaînes logistiques

Il n’y a pas si longtemps, les entreprises canadiennes avaient peu de raisons de remettre en question la fiabilité et la sécurité des marchés des fournisseurs et des consommateurs dans leurs processus établis. 

Après les perturbations de la pandémie et les négociations commerciales en cours entre les États-Unis et le Canada, il est devenu évident qu’aucun marché n’est à l’abri de chocs soudains et potentiellement dévastateurs. M. Stockman pense donc qu’il est essentiel pour les entreprises canadiennes de vérifier que leurs chaînes d’approvisionnement ne s’appuient pas de façon disproportionnée sur un pays ou une région en particulier.

« Le principal levier pour s’attaquer à ce problème de manière résolue est la diversification — afin de s’assurer que nous ne soyons pas surexposés ou surinvestis dans un marché particulier, ajoute-t-il. Nous avons consacré d’importantes ressources cette dernière année à l’intégration de nouveaux territoires aptes à opérer en sous-traitance pour nos activités. »

2. Fractionnez le monde en unités gérables

Développer un réseau mondial de fournisseurs, de partenaires et de clients comporte des complexités, d’où la recommandation de M. Stockman de se concentrer sur les régions stratégiques.

Les entreprises n’ont pas besoin de fournisseurs partout dans le monde, mais il suggère d’avoir quelques ressources sur place, près des clients clés. 

« En régionalisant les marchés et en développant des centres de fabrication, de services techniques et d’entreposage, nous avons pu diviser le monde en segments plus maniables, explique-t-il. Dans l’année à venir, nous réaliserons probablement un projet régional stratégique par trimestre, jusqu’à ce que nous ayons la souplesse et la marge de manœuvre suffisantes pour effectuer des ajustements latéraux à la cadence et dans l’ampleur souhaitées. »

3. Recrutez des employés selon une perspective internationale

La population diversifiée du Canada pourrait jouer un rôle clé dans le commerce international, surtout pour les entreprises cherchant à s’étendre au-delà des États-Unis.

Selon M. Stockman, si certains employeurs perçoivent l’absence d’expérience professionnelle au Canada comme un handicap, CEC Mining s’attache à recruter activement des candidats ayant vécu et travaillé dans diverses parties du monde.

« De nombreuses personnes talentueuses arrivent dans ce pays avec un haut niveau d’éducation, et nous appliquons une politique générale de reconnaissance de leur expérience professionnelle acquise à l’étranger, ajoute-t-il. Cela nous permet d’établir de solides contacts dans leurs pays d’origine : nous identifions partenaires, distributeurs, agents et fabricants, et bénéficions de contacts locaux tant dans le secteur privé que public, ce qui joue un rôle majeur dans notre entrée sur ces marchés. »

CEC Mining exige que tous ses employés parlent au moins deux langues, et beaucoup en parlent encore plus.

« Au siège social, au moins 16 langues sont représentées, couvrant une bonne partie de l’économie mondiale, explique M. Stockman. Nous disposons donc des connaissances culturelles et des compétences linguistiques nécessaires pour être présents sur le terrain avec une expérience locale. »

4. Accueillez les différences culturelles

Les entreprises qui souhaitent établir une chaîne d’approvisionnement internationale devraient envisager comment démontrer leur compréhension des personnes et de la culture avec lesquelles elles collaborent.

Selon M. Stockman, le manque de valorisation des cultures des partenaires étrangers peut rendre difficile le maintien de relations solides.

« Sans un respect fondamental des différences dans le monde, il est inutile de chercher à vendre à l’international ou à diversifier votre chaîne d’approvisionnement, dit M. Stockman, qui a visité 50 pays au cours de ses 12 ans de carrière à CEC Mining. Être capable de communiquer, de découvrir la cuisine d’un partenaire et de prendre plaisir à le faire : vous seriez étonné de l’impact que cela peut avoir. »

5. Veillez à bien vérifier que les normes sont respectées

Une présentation cordiale par un employé parlant la langue locale peut aider à gagner la confiance à l’étranger, mais ceux qui font des affaires loin de chez eux doivent toujours s’assurer que les conditions de travail de leurs partenaires demeurent conformes aux normes convenues.

Pour M. Stockman, rien ne vaut une visite surprise pour évaluer une entreprise, pratique que CEC Mining applique régulièrement.

« Ces visites jouent un rôle central dans notre approche, indique-t-il, soulignant que l’entreprise évalue certains attributs spécifiques chez ses partenaires de la chaîne d’approvisionnement. Par exemple, si l’ensemble du personnel de l’atelier y travaille depuis moins de cinq ans, ce n’est sans doute pas un partenaire de choix ; nous voulons voir des employés ayant une expérience de 15 à 20 ans sur le plancher de production. »

6. Planifiez pour le long terme

Si l’on en juge par les récentes perturbations du commerce mondial, un grand nombre des défis majeurs pour les entreprises canadiennes dans les années à venir surviendront sans prévenir.

La diversification de la chaîne d’approvisionnement exige du temps et des moyens, et le retour sur investissement peut nécessiter plusieurs années.

Néanmoins, ces démarches permettent aux organisations canadiennes de mieux se prémunir contre de futurs chocs qui, d’après M. Stockman, deviendront de plus en plus fréquents dans les années à venir.

« Toute décision prise, surtout en ce qui concerne la chaîne d’approvisionnement, ne produit pas toujours des résultats immédiats, ce qui entraîne une gratification différée propre à ce type de décision, explique-t-il. Du point de vue des ventes et du développement commercial, le retour sur le temps investi ne se manifestera pas avant plusieurs mois. »

En même temps, la stratégie de diversification de CEC Mining l’aide à se rapprocher de clients potentiels dans des marchés lointains grâce à des contacts locaux déjà en place, ce qui renforce ses efforts de vente à l’international. 

« Au Qatar, ce qui importe n’est pas que nous soyons basés à Vancouver, mais de connaître notre présence locale, dit-il. L’objectif est de disposer de partenaires locaux sur chaque continent, et nous y sommes presque. »

Parlez à un directeur relationnel RBC ou à un spécialiste, Financement du commerce international, pour en savoir plus sur la façon dont RBC peut vous aider à réaliser vos plans d’envergure internationale.

Le présent article vise à offrir des renseignements généraux seulement et n’a pas pour objet de fournir des conseils juridiques ou financiers, ni d’autres conseils professionnels. Veuillez consulter un conseiller professionnel en ce qui concerne votre situation particulière. Les renseignements présentés sont réputés être factuels et à jour, mais nous ne garantissons pas leur exactitude et ils ne doivent pas être considérés comme une analyse exhaustive des sujets abordés. Les opinions exprimées reflètent le jugement des auteurs à la date de publication et peuvent changer. La Banque Royale du Canada et ses entités ne font pas la promotion, ni explicitement ni implicitement, des conseils, des avis, des renseignements, des produits ou des services de tiers.

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