La forêt pluviale de Great Bear située sur les côtes nord et centrale de la Colombie-Britannique séquestre des millions de tonnes de dioxyde de carbone sur une superficie de 6,4 millions d’hectares de montagnes enneigées, de cèdres rouges de l’Ouest et d’épinettes de Sitka. Elle est considérée comme l’un des plus importants puits de carbone (ce contenu est disponible en anglais seulement) au monde, ce qui signifie qu’elle absorbe plus de dioxyde de carbone (CO2) qu’elle n’en libère.
Les Premières Nations côtières sont des gardiens de la forêt pluviale depuis des millénaires, protégeant ses écosystèmes diversifiés et sauvegardant leurs territoires traditionnels non cédés pour les générations futures. Leur association a pris une nouvelle dimension avec la création du Great Bear Carbon Credit Limited Partnership.
Un regroupement de Premières Nations côtières est entré sur le marché de la compensation carbone volontaire sous la bannière Great Bear Carbon (ce lien mène à un site web dont le contenu est en anglais seulement). L’organisation génère des crédits compensatoires de carbone en préservant les arbres et les écosystèmes qui stockent naturellement le CO2, chaque crédit attestant de l’élimination d’une tonne de carbone de l’atmosphère. Les entreprises, les gouvernements et les particuliers peuvent acheter des crédits de carbone pour compenser leur impact environnemental. Le programme de Great Bear Carbon permet de générer des recettes qui soutiennent les Premières Nations locales et leurs efforts d’intendance.

Figure d’accueil dans le territoire nuxalk. Photo : Premières Nations côtières
Selon Dani Warren, première directrice des ventes et des opérations de Great Bear Carbon, il s’agit de l’un des plus importants projets de compensation carbone du genre au Canada.
« Nous sommes une organisation entièrement autochtone, ajoute-t-elle. Notre conseil d’administration est composé de chefs de toute la région, et nous travaillons directement avec les communautés. »
Le projet est un exemple novateur qui illustre comment le leadership autochtone peut apporter sur le marché volontaire du carbone des solutions fondées sur la nature.
Un projet de compensation carbone à l’approche novatrice, ancré dans la tradition
Great Bear Carbon a été lancée par des Autochtones à la fin des années 1990 pour garantir des pratiques traditionnelles régionales plus durables en matière d’aménagement du territoire et de gestion forestière. Après des années de dialogue et de négociations intergouvernementales entre la province de la Colombie-Britannique, les Premières Nations côtières (ce lien mène à un site web dont le contenu est en anglais seulement) et le Conseil des Nanwakolas, une approche collaborative a été conçue dans le cadre d’un accord de réconciliation. Cette nouvelle approche fondée sur des principes de gestion écosystémique visait à protéger et à préserver l’intégrité des écosystèmes tout en assurant et en améliorant le bien-être social et culturel des communautés côtières.
En 2007, la forêt pluviale de Great Bear a fait l’objet de la première initiative mondiale de financement de projet pour la permanence, une nouvelle approche visant à appuyer des initiatives de conservation à grande échelle adoptée pour protéger d’importants écosystèmes en Amazonie, au Costa Rica, en Colombie et au Pérou. Le projet a obtenu un financement de 120 millions de dollars grâce à la participation de pouvoirs publics et d’investisseurs privés.
Le développement des projets de Great Bear Carbon a commencé en 2006 afin de générer des revenus au moyen du reboisement et de la conservation, et non de procédés d’extraction comme le déboisement. Les initiatives liées au carbone ont quant à elles été intégrées à l’Accord de réconciliation de 2009.
« Les communautés avaient des objectifs très intéressants et voulaient réaliser des choses ensemble, déclare Mme Warren. Les crédits compensatoires de carbone seraient une source de financement à long terme de ces initiatives. »
Entre 2009 et 2011, Great Bear Carbon a lancé deux projets de carbone forestier, soit les projets North and Central-Mid Coast et Haida Gwaii. Un troisième projet, South Central Coast, est géré par le Conseil des Nanwakolas, une alliance de Premières Nations qui assure l’intendance de la partie sud de la forêt pluviale tempérée.
« Au départ, l’acheteur des crédits compensatoires était le gouvernement de la Colombie-Britannique », explique Zoe Heath, directrice des ventes et des opérations de Great Bear Carbon. Pour atteindre ses objectifs de carboneutralité (ce lien mène à un site web dont le contenu est en anglais seulement), le gouvernement provincial achète de tels crédits.
Selon Mme Heath, les achats de crédits compensatoires du gouvernement de la Colombie-Britannique représentent aujourd’hui environ 20 % des offres de Great Bear Carbon. « Les 80 % restants représentent un portefeuille d’acheteurs très diversifié, ajoute-t-elle. Nous vendons des crédits de carbone tant à des particuliers qui souhaitent compenser leurs émissions de carbone qu’à de grandes institutions comme RBC. Les acheteurs sont très diversifiés. »
Depuis leur début en 2009, les projets ont rapporté plus de 80 millions de dollars aux Premières Nations, dont les suivantes : Gitga’at, Heiltsuk, Kitasoo, Metlakatla, Nuxalk et Wuikinuxv, et le Conseil de la Nation haïda.

Forêt pluviale de Great Bear située sur les côtes nord et centrale de la Colombie-Britannique. Photo : Première Nation côtière
Une occasion de développement économique
Les marchés volontaires du carbone sont de plus en plus considérés comme un outil de développement économique par les Autochtones et les autres communautés locales, qui sont en première ligne dans la gestion d’environ (ce lien mène à un site web dont le contenu est en anglais seulement) 40 % des milieux écologiquement intacts de la planète.
Selon Brian Hong, directeur général, Solutions des marchés environnementaux, RBC Marchés des Capitaux, Great Bear Carbon est un exemple qui illustre comment la réduction des émissions peut créer un impact positif sur la société.
« Les revenus générés par le projet de Great Bear Carbon permettent aux communautés autochtones de construire des écoles et des centres communautaires, affirme M. Hong. Voilà qui a d’importantes répercussions positives, non seulement sur la forêt pluviale de Great Bear, mais aussi sur la communauté. »
Le projet attire des investisseurs soucieux de leur impact environnemental et désireux d’appuyer la gouvernance autochtone au Canada. Pour garantir le respect des normes les plus élevées du marché volontaire, le projet fait l’objet d’une vérification diligente afin de préserver son intégrité.
« Les projets sont validés au démarrage, puis font l’objet d’une vérification au moment d’émettre des crédits compensatoires pour une nouvelle d’année, explique Mme Heath. Le processus est très rigoureux et comprend les services de vérificateurs tiers. Si l’on ajoute leurs retombées positives, les crédits compensatoires de Great Bear Carbon sont une option intéressante pour quiconque veut compenser ses émissions. »
Investissement en matière d’intendance autochtone et de conservation
Les accords de partage des avantages atmosphériques stipulent que 65 % des fonds recueillis grâce aux crédits compensatoires de carbone doivent servir à l’intendance. « Il revient ensuite aux Premières Nations de décider de la façon d’injecter les fonds restants dans leurs communautés », ajoute Mme Heath.
Au cours des 15 dernières années, les communautés ont utilisé les fonds générés de diverses façons. L’une des principales utilisations des fonds a été le soutien accordé aux garde-côtes, les responsables de première ligne chargés de la surveillance et de la protection des terres et des eaux de leurs Nations et, collectivement, de la région. Ces gardiens des Premières Nations côtières jouent un rôle essentiel dans tous les aspects de l’intendance en veillant à ce que les ressources soient gérées de manière durable, à ce que la réglementation soit respectée et à ce que les accords sur l’utilisation des sols et des ressources marines soient mis en œuvre efficacement. Les fonds consacrés à ces gardiens autochtones permanents et saisonniers proviennent en partie des crédits compensatoires de carbone.
« Les garde-côtes sont les yeux et les oreilles de leurs territoires, et ils font respecter leurs lois autochtones traditionnelles et actuelles », déclare Mme Warren.
En 2022, les Premières Nations Nuxalk et Kitasoo/Xai’xais ont fait équipe avec BC Parks pour ajouter des gardes forestiers comme mesure de renforcement des contrôles, une première collaboration du genre au Canada.
Les avantages liés à la présence de garde-côtes ne se limitent pas à la protection des écosystèmes de la région de Great Bear. Le soutien apporté à ces gardiens peut être considéré comme une forme de réconciliation, puisqu’il accroît les retombées économiques près de chez eux. Ce soutien permet aussi aux Autochtones de revenir dans leurs territoires traditionnels, de découvrir leurs traditions et de renouer avec leur héritage naturel et culturel. »

Photo : Premières Nations côtières
Les projets de carbone forestier sont-ils mis en péril par les feux de forêt ?
Les solutions fondées sur la nature ne peuvent pas garantir une séquestration permanente du carbone en raison de facteurs tels que (ce lien mène à un site web dont le contenu est en anglais seulement) les feux de forêt, les maladies et les infestations d’insectes ainsi que les taux de récolte annuels, qui ont un impact sur la capacité d’une forêt à stocker le carbone. C’est l’une des raisons pour lesquelles les projets d’intendance et de conservation comme Great Bear Carbon sont essentiels aux efforts de protection de la longévité et de la santé des forêts canadiennes.
Les feux de forêt, notamment, sont une menace (ce lien mène à un site web dont le contenu est en anglais seulement) pour le bien-être des forêts et compromettent les retombées positives des compensations carbone fondées sur la nature comme Great Bear Carbon. Toutefois, selon Mme Warren, le risque d’incendie dans la forêt pluviale tempérée est faible grâce à son humidité et à sa proximité avec la côte. « À Haida Gwaii, ce risque est de 4 %, et sur les côtes nord et centrale, il est de 9,5 %, déclare-t-elle. Nous n’avons jamais eu à annuler des crédits de carbone en raison d’un feu ou d’un dommage causé à la forêt. »
Dans le rare cas où se produirait un feu de forêt, l’investisseur obtiendrait des crédits compensatoires de remplacement. Mme Heath mentionne que les programmes d’intendance comprennent des stratégies proactives de gestion des risques de feux de forêt, qui englobent la surveillance et l’évaluation. « Ces programmes font appel à des technologies modernes, à la science et au savoir autochtone pour évaluer les risques d’incendie et prioriser des mesures d’atténuation », ajoute-t-elle.
Un modèle de leadership autochtone sur le marché de la compensation carbone
Selon Mme Heath, Great Bear Carbon est un modèle pour les projets de compensation carbone qui favorisent la participation autochtone et qui tirent parti des connaissances traditionnelles.
« En plus de protéger les forêts anciennes et de générer des retombées climatiques et sociales positives pour les gens et la planète, ces projets, axés sur les droits des Autochtones, sont aussi un modèle pour les marchés éthiques de la nature », explique Mme Heath.
Mme Warren est d’accord et espère que Great Bear Carbon sera suivi de projets similaires.
« Nous sommes dans un créneau très particulier au Canada », ajoute-t-elle. Elle espère, en tant qu’Autochtone, que cette initiative servira de catalyseur à des projets similaires. « Outre qu’ils permettent d’atteindre certains objectifs de conservation et de protection du Canada, les projets de compensation carbone sont pour les communautés autochtones une véritable occasion de stimuler leur développement économique et celui du pays. »
Pour en savoir plus : Crédit de carbone : Point de départ pour une entreprise
Pour vous aider à vous y retrouver dans les marchés du carbone en rapide évolution, RBC Marchés des Capitaux offre une expertise de pointe et des capacités complètes en matière d’échange de droits d’émission sur les marchés du carbone, qu’ils soient réglementés ou volontaires. Le groupe Solutions des marchés environnementaux collabore avec le Bureau des marchandises environnementales de RBC Marchés des Capitaux, créé en 2008, afin d’offrir des solutions sur mesure aux clients désireux d’atteindre la carboneutralité grâce à des solutions en matière de carbone et d’énergies renouvelables.