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Crédit de carbone : Point de départ pour une entreprise

By Andrew Seale

Published 11 juin 2025 • 13 min de lecture

TLPL

  • Les entreprises intègrent les crédits de carbone à leur stratégie de durabilité environnementale afin de compenser leurs émissions de GES périmètres 1 et 3.

  • Les crédits de carbone sont des certificats négociables émis pour les projets qui préviennent, réduisent ou éliminent le dioxyde de carbone de l’atmosphère.

  • Pour la plupart des entreprises, le marché des crédits de carbone est volontaire. C’est à elles de décider comment l’inscrire dans leur mandat de durabilité environnementale.

  • Un crédit de carbone peut coûter seulement 15 $ pour l’élimination d’une tonne de dioxyde de carbone.

  • Alors que les entreprises canadiennes cherchent à réduire leur impact sur le climat, les crédits de carbone deviennent partie intégrante d’une stratégie de décarbonation plus large.

En 2024, le Canada s’est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 45 à 50 % par rapport aux niveaux de 2005, et ce, d’ici l’année 2035. Cet engagement s’inscrit dans un objectif plus large : l’atteinte de la carboneutralité d’ici 2050. Les entreprises canadiennes jouent un rôle de taille dans cette ambition.

Atteinte des objectifs environnementaux grâce aux crédits de carbone

Des données récentes (ce lien mène à un site web dont le contenu est en anglais seulement) de l’Institut d’action climatique RBC ont révélé que près de sept chefs d’entreprise sur dix envisagent d’adopter une stratégie de réduction des GES comme une priorité de la haute direction, et que la majorité estime que leur rôle rejoint celui du gouvernement dans la réduction des émissions de GES.

« Les entreprises souhaitent endosser un rôle capital dans la lutte contre les changements climatiques et réduire leur impact sur la planète », déclare Brian Hong, directeur du Groupe Solutions des marchés environnementaux, RBC Marchés des Capitaux. Toutefois, elles ne peuvent pas toujours réduire leurs émissions.

« La plupart des entreprises sont limitées dans les mesures qu’elles peuvent prendre à l’égard de leur chaîne de valeur pour limiter leurs émissions », confie M. Hong. Les entreprises s’intéressent à des projets innovants comme les crédits de carbone, des certificats négociables émis pour les projets qui préviennent, réduisent ou éliminent le dioxyde de carbone de l’atmosphère, tels que les énergies renouvelables, la foresterie ou la capture de carbone, afin d’élargir leur stratégie climatique.

Il peut s’agir d’une approche responsabilisante. Selon M. Hong, « les crédits de carbone permettent de choisir comment utiliser son argent en vue de soutenir différents projets ». « À l’heure actuelle, on compte plus de 100 différents types de projets de réduction du carbone, et ce nombre est en constante augmentation. »

Selon la société de veille de marché ClearBlue Markets (ce lien mène à un site web dont le contenu est en anglais seulement), près de 5 000 projets étaient répertoriés dans les dix plus grands registres de crédit internationaux à la fin de l’année 2024. Ensemble, ces projets ont émis 280 millions de tonnes d’équivalent dioxyde de carbone en 2024, ce qui représente une baisse de 11 % d’une année sur l’autre. Cela porte le nombre total de crédits de carbone émis depuis la signature de l’Accord de Paris, fin 2016, à plus de 2,1 milliards de crédits, l’offre totale disponible (moins les retraits) s’élevant à près d’un milliard de crédits.

C’est un marché qui évolue rapidement. M. Hong explique comment les chefs d’entreprise gèrent les crédits de carbone dans le cadre d’une stratégie climatique globale.

Définition des émissions de GES périmètres 1, 2 et 3

« Les GES sont généralement répartis en trois catégories : les périmètres 1, 2 et 3 », précise M. Hong.

Périmètre 1

Il s’agit des émissions directes provenant de sources contrôlées ou détenues par votre entreprise.  « Par exemple, votre chauffage, votre flotte de véhicules… », mentionne M. Hong. Cela inclut également les chaudières, les appareils de chauffage et les équipements sur place.

Périmètre 2

Il s’agit des émissions indirectes provenant de l’énergie achetée par votre entreprise. On parle alors de l’électricité, de la vapeur, du chauffage ou du refroidissement.

Périmètre 3

Il s’agit des émissions indirectes générées par vos produits et services. « Si vous êtes un fabricant et que vous vendez des ordinateurs, leur utilisation par vos clients relève du périmètre 3 », indique M. Hong. Cette catégorie englobe également les autres émissions provenant de déchets produits ou de matériaux utilisés, des déplacements du personnel avec des véhicules personnels et des voyages d’affaires.

La connaissance des émissions de GES périmètres 1, 2 et 3 de votre entreprise constitue la première étape du bilan carbone, qui consiste à quantifier votre impact environnemental et à élaborer des stratégies pour réduire votre profil de GES.

Pour les entreprises, la lutte contre les émissions de GES périmètre 2 va souvent de pair avec des investissements dans les énergies renouvelables. Au dire de M. Hong, « ce sont les émissions de GES périmètres 1 et 3 qui sont compensées par des crédits carbone ».

Fonctionnement des crédits de carbone

« Un crédit de carbone équivaut à une tonne de dioxyde de carbone », indique M. Hong. « Ainsi, lorsque vous achetez un crédit de carbone, vous achetez essentiellement un service à l’un de ces initiateurs de projet qui préviendra, réduira ou éliminera une tonne de dioxyde de carbone pour le compte de votre entreprise. »

Il existe plusieurs bourses qui vendent des crédits de carbone, un peu comme on achète des actions. « Ce qu’on voit le plus actuellement, et qui découle directement de certains problèmes d’écoblanchiment affectant le marché volontaire du carbone, ce sont des approvisionnements en crédits directement auprès des projets », déclare M. Hong. Ces initiatives constituent des occasions d’échanger avec les initiateurs de projet et de se renseigner sur les projets en allant sur le terrain.

« Mon équipe RBC facilite ce processus », affirme M. Hong. « Nous essayons de faire correspondre les clients qui génèrent l’offre de crédits de carbone avec d’autres qui souhaitent utiliser ces crédits dans le cadre de leur stratégie climatique. »

Les projets rattachés à ces crédits sont variés, allant de la reforestation à des technologies complexes et novatrices comme la capture directe du dioxyde de carbone, une technologie qui consiste essentiellement à aspirer le carbone de l’air, ou d’autres formes de capture et de stockage du carbone. Pour M. Hong, ces projets offrent la possibilité aux entreprises de soutenir des nouveautés et des innovations qui diffèrent de leurs activités habituelles.

Coût des crédits de carbone

En raison de la diversité des projets, le prix des crédits de carbone peut varier considérablement.

« Comme il s’agit de produits de base, leur valeur peut changer d’un jour ou d’une année à l’autre sur le marché volontaire du carbone », explique M. Hong. Le prix des crédits de carbone peut aller de 0,50 $ à 1 500 $. « Cette transparence des prix peut s’avérer relativement délicate. »

C’est pourquoi M. Hong recommande de travailler avec un intermédiaire ou une société de conseil en matière de crédits de carbone. « Nous effectuons un contrôle diligent approfondi de l’approvisionnement afin de nous assurer que lorsque nous accordons un crédit à un client, celui-ci est de grande qualité et qu’il peut avoir confiance dans le fait que la réduction ou l’élimination du carbone a réellement eu lieu. »

Notre objectif est de trouver des crédits qui ont fait l’objet d’un contrôle diligent, qui présentent un risque perçu comme faible et qui cadrent avec votre budget et votre stratégie de compensation de carbone.

Conseils relatifs au marché des crédits de carbone

Comment établir le coût des crédits de carbone ? D’après M. Hong, il existe de nombreux facteurs à prendre en considération, mais il indique qu’à l’heure actuelle, l’une des tendances qui dominent le marché est la permanence. « Pour les crédits de carbone, généralement, les critères de permanence les plus bas consistent à éviter ou à éliminer une tonne de carbone pendant au moins 30 ans », souligne-t-il. En ce qui concerne la capture directe du dioxyde de carbone, qui, selon M. Hong, entre dans la catégorie des crédits de carbone les plus onéreux (plus de 1 000 $ par crédit), la durée de la séquestration du carbone est estimée à plus de 10 000 ans.

« Cette permanence a un coût, contrairement à un projet de foresterie, qui, malgré ses nombreux avantages environnementaux, comporte un risque d’incendie et de libération de carbone dans l’atmosphère », confie-t-il.

Un autre aspect qui peut influencer la qualité ou le coût d’un crédit de carbone est l’innovation. « C’est pour cette raison que les prix sont très élevés dans le domaine de l’élimination du carbone par ingénierie ou par technologie, comme la capture directe du dioxyde de carbone », explique-t-il. « La fabrication de ces dispositifs innovants coûte cher, il en va donc de même pour leur prix de vente. »

Les avantages d’un projet liés à la biodiversité peuvent également avoir une incidence sur le prix. « Le projet contribue-t-il à la protection d’une zone abritant une espèce en voie de disparition ? Permet-il d’augmenter de manière significative la rétention des eaux pluviales dans une zone donnée ? Contribue-t-il à accroître la biodiversité globale d’une zone donnée ? Ces éléments, relativement importants et reconnus sur le marché, font augmenter le prix », indique M. Hong.

Les avantages sociaux et communautaires sont également à prendre en compte. Les projets dirigés et détenus par des Autochtones ont tendance à connaître des hausses de prix.

Risques des crédits de carbone

En matière de risques, M. Hong estime que les entreprises devraient se concentrer sur leur contrôle diligent ou collaborer avec des conseillers tiers pour s’assurer de la légitimité des projets. « Les ONG, les organismes gouvernementaux et les organismes de réglementation ont récemment travaillé d’arrache-pied en vue d’assurer la crédibilité et l’intégrité de l’offre de crédits de carbone, afin que ces projets fassent ce qu’ils prétendent faire. »

D’après M. Hong, il existe une perception persistante selon laquelle l’achat de compensations de carbone s’apparente à « une carte gratuite de sortie de prison ». Néanmoins, selon l’organisation à but non lucratif Ecosystem Marketplace, les entreprises qui investissent dans les crédits de carbone se décarbonisent en moyenne deux fois plus vite que les entreprises qui n’en utilisent pas.

« Ils montrent qu’une entreprise est prête à aller au-delà de ce qu’elle fait déjà, (car) il s’agit d’une dépense supplémentaire », explique-t-il. « Lorsque vous achetez des compensations de carbone, vous attribuez une valeur à une tonne de carbone au sein de votre organisation, que vous pouvez ensuite utiliser pour déterminer le bien-fondé de vos investissements dans le domaine du développement durable. »

Par où commencer avec les crédits de carbone

Dans ce marché où la participation est volontaire, c’est aux entreprises de décider comment intégrer les crédits de carbone à leur mandat en matière d’environnement.

M. Hong conseille d’y aller progressivement. « Récemment, une coalition d’entreprises de biens de consommation s’est formée et a entrepris de fixer le prix du carbone à 15 $ », confie-t-il. « Je crois que ce prix est un bon exemple à suivre… Vous n’avez pas besoin d’être une énorme multinationale pour acheter des millions de crédit à plus de 100 $ la tonne. Il existe beaucoup de projets intéressants et significatifs qu’il est possible de soutenir pour 10 à 20 $. »

En fin de compte, investir dans des crédits de carbone, c’est faire avancer sa stratégie de durabilité environnementale. « Si vous voulez agir rapidement dans la lutte contre les changements climatiques et atténuer votre impact, vous pouvez utiliser les crédits de carbone, qui constituent actuellement l’un des moyens de le faire », atteste-t-il.

M. Hong prend l’exemple d’un chef d’entreprise qui souhaite décarboniser son chauffage. « Il faut constituer un dossier de décision pour remplacer un système au gaz naturel ou au fioul par une pompe à chaleur électrique », explique-t-il. Supposons que votre appareil de chauffage ait 10 ans et une durée de vie de 15 ans. « Vous devez attendre 5 ans avant de le remplacer par une pompe à chaleur… Cela prend du temps, mais c’est un investissement réel qui conduit à une véritable décarbonation. »

Cependant, dans l’intervalle, les crédits de carbone peuvent vous donner la possibilité de compenser vos émissions, alors que d’autres parties de votre entreprise peuvent ne pas être en mesure de le faire à ce moment précis. « Je les vois comme une excellente solution de rechange et un bon moyen de s’impliquer aujourd’hui pendant que vous travaillez sur tous les autres aspects qui vous aideront à décarboniser votre entreprise à l’avenir. »

Pour vous aider à vous y retrouver dans les marchés du carbone en rapide évolution, RBC Marchés des Capitaux offre une expertise de pointe et des capacités complètes en matière d’échange de droits d’émission sur les marchés du carbone, qu’ils soient réglementés ou volontaires. Le Groupe Solutions des marchés environnementaux collabore avec le Bureau des marchandises environnementales de RBC Marchés des Capitaux, créé en 2008, afin d’offrir des solutions sur mesure aux clients désireux d’atteindre la carboneutralité grâce à des solutions en matière de carbone et d’énergies renouvelables.

Le présent article vise à offrir des renseignements généraux seulement et n’a pas pour objet de fournir des conseils juridiques ou financiers, ni d’autres conseils professionnels. Veuillez consulter un conseiller professionnel en ce qui concerne votre situation particulière. Les renseignements présentés sont réputés être factuels et à jour, mais nous ne garantissons pas leur exactitude et ils ne doivent pas être considérés comme une analyse exhaustive des sujets abordés. Les opinions exprimées reflètent le jugement des auteurs à la date de publication et peuvent changer. La Banque Royale du Canada et ses entités ne font pas la promotion, ni explicitement ni implicitement, des conseils, des avis, des renseignements, des produits ou des services de tiers.

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